Ce roman est somptueux dans le style mais assez ridicule. Le titre fait référence au naturalisme, l'auteur étant ami de Zola, il a en effet participé aux soirée du Médan avec Maupassant et d'autres. Dans le naturalisme, le personnage est le fruit d'un milieu social, mais ici il se positionne en réaction au milieu, par rejet, à rebours. On suit donc le long enfermement d'un aristocrate fin de race qui déteste Paris. Tout le roman, il ne sortira quasiment jamais de chez lui sur les années que dureront son exil. Je dis exil mais pour un parisien la banlieue est le bout du monde. Ce fut quelques rares passages dénotant d'un humour à froid vraiment jubilatoire qui me font supposer que tout le roman est une ironie malgré son très grand sérieux. Le personnage, Des Esseintes, est un érudit borné, incapable de changer de lectures, qui a des goûts très arrêtés, dont il se lasse quand même, et son érudition est parfois farfelue pour le moins. Il est capable d'écrire trente pages sur le symbolisme des fleurs, des couleurs et des pierres précieuses, il peut, en associant un alcool à un son, rejouer des orchestrations avec son goût, toutes les activités les plus futiles y passent avec un sérieux déconcertant. Cette futilité esthétique est la bannière du dandysme. En lisant la dernière page, j'ai compris. La fin annulant le roman, il ne reste que l'élégance.