séjour dans “une ville de science-fiction”

En 2019, on avait été séduit par Chroniques d’une station-service, premier roman d’Alexandre Labruffe dans lequel il racontait, à travers un récit drôle et enlevé, la vie d’un gérant de station-service, avec en fond un regard décalé sur l’absurdité de notre société actuelle. Quelques mois plus tard, on retrouve l’écrivain avec un texte relativement court, à peine 60 pages, dans lequel il évoque les séjours qu’il a effectués dans la ville de Wuhan en Chine, là où tout a commencé pour le covid-19.
Dans un style nerveux, fait de phrases et de paragraphes courts, et sur un ton beaucoup moins léger que dans son précédent livre, ce passionnée de Baudrillard évoque les quelques mois passés dans cette ville qu’il raconte de l’intérieur, lui qui a exercé comme contrôleur qualité pour une grande société en 2016. Il raconte la pollution, la surpopulation le bruit et le coté presque irréel de cette ville, l’ambiance et la paranoïa qui s’est emparée de lui face aux étranges mésaventures qui lui sont arrivées.
Et pourtant, malgré des conditions de vie déplorables est un premier séjour mouvementé, Labruffe décide de retourner là-bas en 2019 suite à une proposition pour devenir attaché culturel à Wuhan… avec l’idée, une fois sur place, d’écrire un roman aux allures de fresque post apocalyptique… un projet qui se réaliser IRL au bout de quelques mois lorsqu’il va voir apparaître dans la ville les premiers symptômes du coronavirus.


Dans ce récit, où se mêlent souvenirs et impressions diverses, l’auteur – chez qui l’on perçoit une forme d’urgence, de nécessité – dresse le portrait d’une société chinoise qui semble avoir perdu la tête, vivant dans une bulle toxique où règne la consommation à outrance, bien loin de toutes considération écologique si l’on on en juge par le niveau dramatique de pollution de l’air atteint dans la ville de Wuhan.


Un livre aux allures de récit de science-fiction qui fait froid dans le dos et dans lequel l’auteur réussit, non sans humour, à nous offrir un sujet de réflexion passionnant doublé d’une constat alarmant sur un monde voué à l’autodestruction.


https://www.benzinemag.net/2021/01/06/un-hiver-a-wuhan-alexandre-labruffe-sejour-dans-une-ville-de-science-fiction/

BenoitRichard
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le 6 janv. 2021

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