Ulysse un cri ou une fleur de douleur. Un cri nécessaire, celui de la naissance. Le silence précède ses pages et ses pages retournent au silence. Il faut peut-être 10 bonnes années pour en venir à bout. Personnellement c'est ce qu'il m'a fallu. Et ce n'est pas contradictoire avec la volonté de l'auteur, meme s'il affirmait qu'il fallait le lire en 24h, par facétie. Il affirmait aussi qu'il fallait lire ses oeuvres autant de temps qu'il lui avait fallu pour les écrire. Il contient tout un Kosmos réduit mais pas réducteur. Il s'inscrit au sein des meilleures dynasties : Homère pour l'épopée, Carroll pour l'initiation, Swift pour le voyage, Shakespeare pour le drame. Ulysse narre l'errance de son héros Léopold Bloom, dans les rues de Dublin. Ce n'est pas pour autant un roman couleur locale : l'universel et le particulier se complètent. La dimension particulière serait induite par sa localisation périphérique. Sa dimension universelle c'est qu'il est écrit dans la Lingua Anglica, langue universelle à destination de l'humanité, pas moins. Non sans idiotismes. Mais son schizostyle a durablement divisé amateurs et détracteurs.
Beaucoup de matière pour finalement peu d'agrément, mais quand agrément il y a, c'est la plus belle chose qui existe. Comme l'épiphanie du bar, où le lecteur est immergé dans la scène avec la sensation spatiale des voix et des tintements de verres, synesthésique à souhait. Comme une fleur poussant de la bouse de vache.