Même en ayant été prévenue, la trame des nouvelles, répétitive, a rendu pénible la lecture sur la fin (c'est probablement parce que j'ai tout ingéré trop vite). Les nouvelles sont drôles, (presque) jamais vulgaires, toujours crues, parfois cruelles, souvent tendres et systématiquement misogynes. On ne se formalise pas de cette misogynie si on recontextualise (XIIème siècle chinois quand même). Les hommes aussi en prennent pour leur grade : impuissants ou non, courts ou longs, qu'importent leurs préférences sexuelles, tous sont des obsédés acharnés.
Retenons aussi quelques proverbes savoureux comme A vieux panier à merde, balai démantibulé. Ma nouvelle favorite est celle de la Femme de cinquante ans :
une cinquantenaire qui cherche encore le plaisir sans pouvoir l'obtenir utilise sa position d'entremetteuse pour le mariage de sa fille frigide à des fins lubriques
Le recueil ouvre à une poésie orientale ("le jeu de la pluie et des nuages") et révèle certains us et coutumes d'une Chine médiévale bien plus décomplexée que celle que l'on connait aujourd'hui. Rappelons tout de même qu'à l'époque déjà ces nouvelles circulaient sous le manteau et ont vite été censurées.
En filigrane, on perçoit aussi une certaine critique de l'organisation civile de l'empire Ming, ce qui rend savoureuse la lecture. De bonnes annotations rendent accessibles au néophyte ce système administratif et social si particulier. Finalement, le fossé culturel est loin d'être infranchissable : au lit, qu'importent l'époque et l'endroit ?