Lire ou relire les ouvrages de Muriel Jolivet est toujours un enchantement. Sociologue au Japon depuis près de quarante ans, aujourd'hui à la retraite, elle n'a pas son pareil pour décrire les petits rien du Japon qu'elle compile depuis au moins 1995. Tokyo Memories c'est donc une collection de moments ou de pensées captées sur le vif, que ce soit par elle ou par ses étudiants, qui dévoilent le quotidien des japonais. Mis bout à bouts, tous ces instants, captent et transmettent l'indicible, dressant un portrait qualitatif du Japon. Toutes ces notes, Muriel Jolivet les a compilées en plusieurs recueil dont Tokyo Memories (1995-2005) est le premier.
Une fois encore, j'ai passé un moment fabuleux à relire ces anecdotes, à contempler comme le Japon avait ou n'avait pas changé, comme les inquiétudes sur la manière dont les femmes étaient traitées alors existent toujours aujourd'hui. On pourrait penser qu'il n'est pas utile de lire ces chroniques vieilles de 25 ans puisque des livres récents existent (un dernier est sorti l'an dernier) mais ce serait lourdement se tromper, car en lisant Tokyo Memories, j'ai replongé dans le Japon que j'ai connu, celui que j'ai imaginé et que j'ai visité à l'époque. Celui qui est différent de la carte postale touristique qui trône en bonne place dans le palmarès du "voyageur" à côté des pyramides d’Egypte, de la Grande Muraille et de New York (vous gagnez un succès « super-voyageur ».
Bref, lire Muriel Jolivet, c’est tout l’inverse, c'est saisir l'air du temps et le voir évoluer tout en restant le même.