Joseph Macé-Scaron n'est peut-être pas le Frédéric Beigbeder gay, mais Ticket d'entrée est définitivement la version bobo-gay de 99 francs.
Benjamin est journaliste et gay. C'est l'alter ego de l'auteur dans un roman très autobiographique où les noms des personnages ou marques écornés par l'auteur ont été grimmé (l'un des jeux consistant à trouver qui se cache derrière tel ou tel pseudonyme).

Benjamin donc s'ennuie comme un rat mort depuis quinze ans qu'il est journaliste au Gaulois (ie au Figaro). Ce groupe de presse dont il n'adhère absolument pas à la ligne éditoriale est racheté par le groupe industriel de Michel Sabot et plutôt que de faire jouer la clause de conscience qui lui permettrait de quitter un titre avec lequel il n'était déjà pas en phase avant le virage à droite imposé par Sabot, Benjamin accepte le poste de rédacteur en chef du magazine du groupe (lequel est encore plus conservateur que le quotidien, tant dans la fiction que dans la vraie vie). On s'en doute, çà ne se passe pas bien et Benjamin finit par démissionner pour devenir prof (en vrai, Macé-Scaron a rejoint Marianne).

Il est donc question d'un grand groupe de presse, de l'équipe de campagne de Sarkozy et du milieu gay parisien...trois microcosmes qui se font sévèrement critiquer par l'auteur à tel point qu'on finit par se demander pourquoi il s'évertue à rester journaliste de droite gay alors qu'il n'apprécie aucun des univers auxquels il appartient et qu'il ne fait rien pour les quitter.

Même si le sujet rappelle furieusement certains Beigbeder, c'est surtout dans le style qu'il m'est apparu des points de convergence : le ton cynique désabusé, l'usage abusif de la métaphore, les références un peu trop fréquentes aux lettres classiques (ici, Proust) et la recherche systématique de la formule qui tue.

Illustration : "Elle était maquillée comme une voiture volée et perchée sur des talons si vertigineux qu'ils auraient donné le tournis au plus acrobate des travestis. Sa main aux ongles longs comme ceux de Fu Manchu déposa sur le bureau une jolie enveloppe blanche"...quel manque de simplicité.

En synthèse, c'est un livre qui se lit bien, on rit parfois, les situations sont cocasses mais il ne faut pas tout prendre au pied de la lettre, notamment parce que l'auteur s'étant fait sortir du Figaro comme un chien, il y a certainement une part d'exagération dans ses récriminations.

C'est donc un livre qui se lit bien mais que j'aurai certainement oublié dans six mois. Autre point commun avec les Beigbeder!
rivax
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le 6 sept. 2011

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