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Fiche technique

Auteur :

Vikram Seth
ISBN : 9782253153801, 9782246577911

Résumé : Il y a quelque chose de titanesque chez Vikram Seth, bien qu'il soit de petite taille et de nature plutôt réservée. Né à Calcutta en 1952, économiste de formation, poète, traducteur, écrivain-voyageur, auteur par ailleurs des Tribulations d'un Indien en Chine et du Lac du Ciel, il avait entrepris de composer en huit ans un premier roman de plus d'un millier de pages, Un garçon convenable, éblouissante fresque de l'Inde des années cinquante, best-seller qui avait fait de lui une star des lettres anglophones. Avec ce deuxième roman, il s'attaque aujourd'hui à l'un des thèmes les plus ardus de la littérature, puisque Quatuor est tout entier dédié à la musique et aux musiciens, à la musique que véhiculent les états d'âme, les dialogues et les amours des protagonistes. Le violoniste Michael Holme, membre d'un quatuor de Londres, survit douloureusement à ce qu'il appelle "l'absence et les regrets". Elle s'appelait Julia, étudiante comme lui à Vienne, il y a déjà dix ans. La musique seule, ou plutôt la musique sans Julia, ne parvient pas à l'apaiser, de même que sa relation avec une jeune fille boudeuse, Virginie, ne le satisfait guère. Un jour pourtant, il entrevoit Julia dans un autobus, silhouette fugace, quasiment fantomatique. Peu après, Julia lui apparaît, en chair et en os, à la fin d'un concert que vient de donner le quatuor. Elle est mariée, mère d'un petit garçon nommé Luke et, surtout, elle est devenue partiellement sourde. La musique, omniprésente, entraîne Michael malgré lui, se superpose aux mots d'amour, d'autant que l'Art de la fugue en ré mineur devient aussi obsédant pour lui que les courts moments amoureux arrachés à Julia. Les répétitions s'enchaînent, la vie du quatuor, terrible huis clos, monstre à quatre têtes, est faite de tensions et d'euphories: "L'exaltation qui nous saisit est peut-être voisine de l'étourdissement que provoque le manque d'oxygène." Vers la fin du roman, enfin, la douloureuse vérité, longtemps différée, affleure parmi tous les sons, toutes les notes. Un cri monte, presque étouffé: "Luke, pourquoi n'es-tu pas mon fils?" Bientôt, Michael ne pourra plus jouer, devra quitter le quatuor, faisant écho à la citation de John Donne, placée en exergue: "Ni bruit ni silence, juste une musique sereine", "an equal music", qui est d'ailleurs le titre anglais du livre, plus évocateur il est vrai que Quatuor. Une note de l'auteur comme un épilogue vient conclure: "La musique m'est plus chère que le langage. Quand j'ai compris que ce serait le sujet de mon livre, j'ai été saisi d'angoisse. Il m'a fallu du temps pour pactiser avec cette idée." L'audace aura été partiellement récompensée. Quatuor est un bel exercice de virtuosité, un roman brillant, que seules quelques longueurs ou lourdeurs irritantes viennent affaiblir, dans un désir un peu naïf de "souci de vérité", la restitution d'un milieu, celui des musiciens, l'emportant parfois sur le souffle créateur lui-même. Par Isabelle Fiemeyer (Lire) (Lire), publié le 01/06/2000