Attention, ça reste un Silverberg, ce qui est un gage de qualité. Mais ce n'est pas un Silverberg majeur : sixième opus du cycle de Majipoor, et, clairement, j'ai ressenti une certaine lassitude, du lecteur que je suis, oui, mais peut-être également de la part de l'auteur. Qui a probablement quelque peu peiné à rédiger ces longues, très longues description de la faune, de la flore et de la géographie de la planète qu'il créa, presque 20 ans auparavant.


C'est peut-être finalement l'inconvénient de ces planètes immenses : en fait, on n'en fait jamais complétement le tour et il faut toujours inventer de nouvelles curiosités. Elargir sans approfondir en quelque sorte. Genefort a subi la même malédiction avec Omale, et son talent, quoique indéniable, n'étant pas celui d'un Silverberg, il n'a tenu que trois volumes (et moi-même je n'ai tenu que deux volumes). En même temps, Bordage a pu écrire des sagas dont le théâtre est la galaxie toute entière sans montrer le moindre essoufflement. Sauf qu'il a enchainé ses volumes les uns après les autres, avec frénésie et sans marquer de pause.


Mais qui sait ce qui a pu pousser Silverberg a se remettre à l'ouvrage sur Majipoor quinze ans après avoir bouclé son premier cycle. Une période difficile peut-être, un besoin d'argent frais. Quoiqu'il en soit, le pari n'est pas franchement réussi, sans constituer non plus un ratage complet. Je trouve qu'Asimov avait fait mieux avec Fondation. Mais il avait pris le risque, lui, de faire évoluer son style, s'attirant d'ailleurs au passage des critiques de ses fans de la première heure.


Silverberg, lui, a voulu rester fidèle à l'esprit des origines. Mais il manque un truc : si les personnages secondaires sont plutôt réussis dans l'ensemble, j'ai trouvé Prestimion himself plutôt loupé. Personnage qui parait en définitive plutôt falot et sans relief, preux chevalier persuadé de sa destinée. Parfois en proie au doute, mais de façon pas assez marquée dans la narration. Valentin, avec son côté baba cool, était bien plus crédible et plus humain , même s'il était très marqué années 70. Alors que Prestimion n'aspire finalement qu'à être une sorte de despote parfait. Et même chose pour le côté mémoriel, l'idée de considérer qu'un peuple, qui voit une partie de son histoire occultée, peut sombrer dans la folie n'était pas mauvaise en soi. Mais elle est insuffisamment exploitée et la résolution du problème un peu trop rapide à mon goût.


Dans l'immédiat, je ne vais pas chercher à lire le septième opus, le roi des rêves.

Marcus31
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le 28 mai 2019

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