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La peinture au crime, c’est bien difficile mais c’est bien plus beau…

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Le texte :


Marthe a deux copines. A elles trois, elles atteignent les 210 ans bien tassés. Marthe s’est lancé depuis trois ans dans des études d’art : elle prend des cours d’histoire de l’art, des cours de peinture et taquine la muse à ses heures perdues mais néanmoins nombreuses. A telle enseigne qu’elle est devenue une petite encyclopédie humaine sur les peintres de la in du XIX° et du début du XX° siècle.


Cela tombe bien, c’est justement la période choisie par un mystérieux meurtrier qui transforme ses victimes et les scènes de crime en tableaux célèbrent qu’il « humanise » artificiellement.


Violette Cabesos alterne les chapitres liés à l’enquête proprement dite et ceux relatifs au meurtrier. Les premiers cités nous permettent de nous familiariser avec Marthe, avec ses deux copines et le commissaire : tous les quatre aux caractères bien trempés du commissaire amateur de musique dodécaphonique à Jacote et son parlé parisien argotique en passant par Marthe et son grand cœur.


Les seconds mentionnés nous laissent découvrir les motivations du meurtrier. Il apparaît rapidement (suffisamment pour que je ne dévoile pas trop l’intrigue) que l’assassin est un peintre frustré jusqu’à la folie qui ourdit une histoire de vengeance à travers le siècle écoulé pour atteindre les plus grands noms des peintres impressionnistes, cubistes ou fauves responsables, selon sa grand-mère, de ce qui est arrivé à leur famille. La figure de la grand-mère en castratrice de son petit-fils pour en faire l’arme de sa vengeance est particulièrement réussie. Si on devine rapidement que l’objectif du meurtrier est de recréer en peinture une sorte de cène où des peintres tels que Derain, Picasso, Vlaminck ou Modigliani jouent les rôles des apôtres, l’auteur laisse planer le doute sur ceux qui devront endosser les rôles de Dieu, de Jésus ou de Judas… je n’en dirai pas plus ici ! Tout comme les raisons qui poussent le meurtrier à fomenter sa vengeance restent suffisamment longtemps mystérieuses pour tenir le lecteur en alerte.


Violette Cabesos émaille son récit policier d’informations et d’anecdotes sur la vie foisonnante de ces peintres, aujourd’hui passés à la postérité, au début du XX° siècle, de la Butte Montmartre à Montparnasse, de l’ombre à la lumière, de la pauvreté à la richesse, avec leurs vies brûlées littéralement par les deux bouts, entre alcools, drogues, femmes et folies.


L’histoire est intelligemment construite : si elle ne recèle pas de rebondissements inattendus, elle se lit de façon très fluide et très agréable en plongeant le lecteur dans le quotidien des plus grands noms de la peinture. Seuls regrets pour ma part : la fin un peu bâclée et le fait que le meurtrier n’ait pas pu avoir plus de temps pour avancer encore dans son grand œuvre et nous laisser l’occasion de côtoyer un peu plus Van Dongen, Pascin et autres Foujita… J’en aurai bien repris quelques chapitres supplémentaires !


On se perd un peu au début entre les passages évoquant le début du siècle et l'histoire des grands-parents de l'assassin, sa jeunesse qui fait elle aussi des allers retours entre différentes périodes de sa vie, le moment présent... on en vient à se demander si Violette Cabesos ne s'est pas trompée à un moment ou un autre entre les dates, les âges de ses protagonistes et la cohérence entre toutes ces périodes pour finalement se rendre compte que tout est bien agencé, qu'elle a bien maîtrisée sa frise chronologique et qu'elle ne s'est nullement fourvoyée. Un souci de la précision à mettre en avant !


Bref, une découverte ma foi plus que sympathique et une lecture plus que prenante et particulièrement divertissante.

Ga_Roupe
5
Écrit par

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le 19 oct. 2016

Critique lue 88 fois

Ga Roupe

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