L'ambition affirmée des auteurs était comme l'indique le titre de réaliser un livre de vulgarisation philosophique sous la forme d'un entretien. Interview entre un journaliste du magasine branché Teknikart (j'aurais dû me méfier) et l'ancien romancier Medhi Belhaj Kacem, désormais disciple du philosophe Alain Badiou.

Sous couvert de cet aspect pop, Belhaj Kacem reste à la surface des choses, et sur 500 pages accumule des généralités et des théories que le lecteur doit accepter telles quelles, soit se trouvant face à des phrases ne supportant pas la discussion ("il est évident que...", etc.), soit que la notion soit déclarée trop complexe pour le niveau du lectorat visé. Niveau qui n'empêche pas le philosophe d'employer , dans une attitude qu'on pourrait appeler du 'concept dropping', des termes incompréhensibles pour qui n'a pas une solide culture philosophique, l'assimilation des oeuvres de Marx, Heidegger, Lacan et Deleuze étant fortement recommandée.

On fait donc connaissance avec la philosophie de Alain Badiou et les notions de présenté (le réel), de représenté (les mots, la culture) dans lequel baigne l'humanité et d'évènement (l'irruption du présenté dans le représenté). Belhaj Kacem ajoute à cela la notion d'affect, qui se nourrirait de l'événement et qu'il s'agirait de chercher à développer en travaillant sur le représenté de manière à provoquer la réalisation d'évènements.

C'est tout ? Sur un demi millier de pages ? En gros, oui. À moins que l'auteur ai réservé le coeur de son propos pour les cent dernières pages, que je n'ai pas lues. L'entretien consiste en effet essentiellement en une sorte de catalogue publicitaire, un auto panégyrique de Belhaj Kacem. Une glorification de lui-même assez agaçante. En gros il était le Rimbaud de la fin du XXème siècle et se présente aujourd'hui comme LE philosophe autodidacte qui a compris Alain Badiou et transcende sa philosophie pour la transporter dans le monde politique et en faire un modèle de vie auquel chacun doit se conformer.

Pour conclure sur un point positif, j'avoue avoir été suffisamment intrigué par la philosophie d'Alain Badiou pour acquérir L'Être et l'Evènement.
rhumbs
3
Écrit par

Créée

le 24 nov. 2011

Critique lue 264 fois

rhumbs

Écrit par

Critique lue 264 fois

D'autres avis sur Pop philosophie

Pop philosophie
rhumbs
3

Critique de Pop philosophie par rhumbs

L'ambition affirmée des auteurs était comme l'indique le titre de réaliser un livre de vulgarisation philosophique sous la forme d'un entretien. Interview entre un journaliste du magasine branché...

le 24 nov. 2011

Du même critique

Théorème vivant
rhumbs
4

Critique de Théorème vivant par rhumbs

Cédric Villani a reçu en 2010 la prestigieuse médaille Fields (l'équivalent du prix Nobel pour les Mathématiques). Ce journal revient sur la période allant des premières intuitions autour du théorème...

le 7 oct. 2012

9 j'aime

2

Retour dans la neige
rhumbs
8

Critique de Retour dans la neige par rhumbs

Nouvelles atmosphériques, faussement naïves ; en fait parfois glaçantes. Des phrases autour de la beauté fragile du monde et des hommes. Et comme un contrepoint rôde la brutalité et la vulgarité, qui...

le 28 sept. 2012

8 j'aime

L'Or
rhumbs
8

Critique de L'Or par rhumbs

L'ascension du général Suter, "banqueroutier, fuyard, rôder, vagabond, voleur, escroc", défricheur du territoire de Californie, et sa chute après la découverte de l'or sur ses terres, à...

le 24 nov. 2011

8 j'aime