Brussolo sait écrire, c'est indéniable. Son style est concis, précis, rythmé (sans rupture, presque linéaire, toutefois), les mots justes.
Ce qui lui permet de hisser ses productions au-dessus du simple roman de gare, ce qu'elles seraient sans ce talent de conteur indéniable.
Brussolo est habile à faire monter la pression, à donner au lecteur de nombreuses pistes sans cesse remises en question. Sauf qu'il manque d'ambition, on sent un travail adroit mais bâclé, qui aurait gagné à être approfondi.
Il ne faut pas chercher bien loin pour trouver des incohérences qui se retrouvent de livre en livre.
La première, déjà vue dans Hurlemort : Marion, jeune fille qui n'est jamais sortie de son village et qui analyse en pensée chaque environnement nouveau en se référant à une culture pour le moins érudite, allant jusqu'à vanter la finesse des sculptures d'Afrique ou d'Asie sans qu'on sache bien comment elle a pu en entendre parler (on apprend au début du livre qu'elle sait à moitié lire).
Une autre qui est pourtant à la base de l’histoire : le père supérieur de la congrégation de saint Gaudémon qui mandate cette jeune fille (décision très vite prise malgré des réticences initiales) d'aller voir ce qu'il y a au bout du pèlerinage dont il a la charge ; étrange que lui-même ne l'ai pas fait au moins une fois.
On y croit sans y croire vraiment. Brussolo trouve un point de départ intéressant, un scénario inventif qui surprend (sans moquerie, ce qui est ici plutôt louable), puis brode autour une histoire bien racontée quoique manquant de consistance. C’est une lecture rapide et facile, assez bien écrite et avec assez d’originalité pour enlever toute honte au lecteur plus exigeant que celui à qui elle était d’abord destinée.