Jacques le Fataliste chez les Moutons Electriques !

Si Jacques le Fataliste était un grand guerrier maure dans une Europe où la magie et le Roi Arthur ne sont pas des mythes, alors ce serait tout à fait ce livre que Diderot aurait (peut-être) écrit.

Lorsqu'on vous dit "le jeune enchanteur Carroll Mac Maël Muad et son domestique Julius Khool" vont vivre des aventures, bla bla bla, vous vous dîtes (sans doute) : encore un livre où un gentleman magicien nous conte ses exploits dans une uchronie magique et endiablée !
Ben non. D'abord, parce que c'est Julius Khool, vieux soldat maure, blasé des créatures magiques et des conflits mais adorateur de la vie et de la bonne chère, particulièrement de la bonne chère, qui est notre narrateur. Ensuite parce que "le jeune enchanteur Carroll Mac Maël Muad" n'est pas vraiment un magicien accompli. Balancé à l'université par son vieil oncle pour qu'il puisse reprendre la charge familiale, le jeune maître Carroll n'apprécie pas vraiment les études. S'il va sur le campus, c'est essentiellement pour dealer avec ses collègues étudiants (drogues, services, objets..., Carroll est un fournisseur au sens large).

Julius nous raconte donc leur aventure, imprévue, avec moult détails, retours dans le temps et circonvolutions. L'histoire nous est livrée sous la forme d'un fleuve avec de (très) nombreux méandres. Les commentaires de Julius s'ajoutant à ses propres digressions, la narration peut paraître laborieuse au premier abord. Si vous n'avez pas aimé le style de Jacques le Fataliste, passez votre chemin ! Si vous aimez les histoires qui vont droit au but, vous pouvez vous dispensez de cette lecture.
Cependant, si toutefois vous aimez découvrir un univers au rythme de ses personnages, si vous aimez les anecdotes (croustillantes parfois) qu'un vieux soldat ayant servi dans presque toutes les armées du monde décrit peut vous conter, si vous aimez les découvertes imprévues qu'une promenade interrompue par une soudaine averse peut faire advenir, alors vraiment, je vous recommande ce livre !

Bien sûr, il faut aussi ne pas être complétement légionnaire et tolérer l'existence de la magie et des créatures de l'autre monde.