Je serai moins sévère que mes prédécesseurs, et d'assez loin. Ce livre ne se montre pas exhaustif, et ce ne semble pas être son objectif. Il rappelle lui-même les 1400 ouvrages qui l'ont précédé sur l'assassinat de Kennedy. Sa présence aux Etats-Unis lui donne une légitimité pour en parler ; aussi choisit-il de parler d'un éclairage qu'il peut apporter, sur l'ambiance sur place, sur ses enquêtes. Ce livre n'est finalement pas une analyse de ce qui a été lu et ressassé, et peut-être pas assez, en effet : les différentes grandes hypothèses du mobile auraient pu être plus clairement exposés que par allusions. Elles sont sans doute trop galvaudées, trop brumeuses encore, tant que toutes les archives ne sont pas divulguées, pour ne pas trop rajouter au pathos.
Cet ouvrage assez court constitue en réalité une synthèse, de l'événement dramatique en lui-même, non du bilan de l'homme ; et elle est le prétexte à la restitution d'une atmosphère, de la sombre effervescence de l'enquête judiciaire, de l'honneur bafoué des Texans, et c'est l'occasion de revenir sur des rencontres, sur la réaction des médias français de l'époque et donner une suite à l'Etudiant étranger.
Ce livre n'est pas donc pas aussi vain que ce qui a été écrit ici avant moi, même s'il reste en surface, qu'il ne livre rien de substantiellement nouveau, ce qui n'est pas réellement promis. Il n'y a probablement pas de quoi s'extasier, mais ce livre reste honorable, il permet de se remettre les idées en place, et offre la possibilité de vouloir aller plus loin, ce qui n'est pas si mal. Probablement pas indispensable, certainement moins percutant que la plupart des ouvrages de cet auteur, ce livre permet de revivre l'onde de choc, l'émoi, les débuts de l’enquête, les soubresauts immédiats. C'est déjà cela.