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« De leur oeil inquiet ils regardent la neige, / Attendant jusqu’au jour la nuit qui ne vient pas. »

Année 1936. Dans une prestigieuse prépa de région parisienne, le narrateur rencontre Conrad, jeune homme mystérieux, Suisse de naissance, qui semble beaucoup plus avancé que lui dans tous les domaines de la vie. Habitué aux grands hôtels, à un certain luxe et à une grande liberté, il apprécie cependant de découvrir et côtoyer le milieu bourgeois plus classique auquel appartient le narrateur. Leur amitié naissante, pleine de pudeur et de retenue, va les mener jusqu’à Val d’Isère, où une rencontre marquera le narrateur à jamais.


Ce roman a pour arrière-plan la manifestation de février 1936 liée à l’attaque de Léon Blum par les militants de l’Action française, la dissolution des ligues d’extrême droite et les débuts des stations de sports d’hiver. L’auteur ne nous propose pas une leçon d’histoire mais nous permet d’observer les répercussions du « politique dans le domestique »* par le biais de ce court roman d’apprentissage, qui n’est en aucun cas un récit historique. L’Histoire en train de se faire n’est perçue que par son écho, en sourdine, un murmure bruissant le long des murs des salles de classe de la prépa. De même, les débuts des stations de sports d’hiver sont vus à travers les bouleversements du paysage (apparition des premières remontées mécaniques) et des habitudes des habitants, ou encore l’émerveillement des nouveaux skieurs.


Le style de Laurence Cossé, sec, précis, sans fioritures inutiles, entraîne allègrement le lecteur dans cette histoire bien construite, à l’intrigue habilement ficelée, malgré une fin un peu rapide. L’auteur développe une sorte de poétique alpine, par la découverte conjointe du ski et d’un village encore pétri de traditions que fait le narrateur. L’atmosphère ainsi créée, empreinte d’odeurs de feux de bois, d’étable, l’évocation de la luminosité due à la réverbération du soleil sur la neige, du crissement des skis sur la poudreuse… réjouit les sens.


*Comme le précise Mona Ozouf dans son essai Les Aveux du roman (2001).

maelledlc
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le 22 août 2018

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