Publié sur L'Homme qui lit :


L’adolescence est un âge ingrat, celui de la lente et douloureuse transformation d’une chenille indifférenciée, un peu balourde, enfant de ses parents, en un jeune et frêle papillon prêt à voler vers le monde et vers l’indépendance. Un temps « qui ne laisse un bon souvenir qu’aux adultes ayant mauvaise mémoire » , disait le cinéaste François Truffaut. Autant dire qu’en période de plein paradoxe où les adolescents se normalisent tous pour devenir différents, être en dehors des normes expose au rejet, au mépris, à la violence verbale ou physique.


Pour David Piper, le quotidien n’est pas très joyeux. À quatorze ans, son corps commence à montrer des signes de masculinité qui échappent à son contrôle, et chaque jour David note dans un carnet secret les diverses mensurations de ce corps qui évolue, mais pas comme il le souhaiterait. Ses parents comprennent bien que leur fils est mal à l’aise, et ils prennent ses drôles de manies pour des signes d’homosexualité, sauf qu’ils « ont tout interprété de travers (…), parce que je ne suis pas gay. Je suis juste une fille hétéro coincée dans un corps de mec » .


Les choses changeront pour un temps avec l’arrivée dans l’établissement plutôt huppé de Leo Denton, un étudiant ténébreux et solitaire, dont la légende veut qu’il ait été exclu de son précédent collège situé dans un quartier populaire après avoir découpé le doigt d’un de ses professeur avec une mini-scie… Se tenant à l’écart des autres étudiants, Leo suscite autant de curiosité que de crainte, et lorsqu’il défendra David alors qu’il se fait malmener au self par un des idiots populaires, il fera craquer Alicia, qui ne le laisse pas indifférent non plus.


David et Leo profiteront de leurs heures de colle pour faire connaissance et tisser un solide lien d’amitié, scellé par le partage d’un secret de nature à les rapprocher. Mais parce que rien n’est jamais simple, les secrets feront surface et viendront ajouter de l’huile sur le feu de leurs rapports tumultueux avec leurs autres camarades.


Pour sa première incursion dans le genre « young adult » , Lisa Williamson s’attaque à un sujet difficile, pas vraiment consensuel, mais qu’elle connaît bien pour avoir travaillé dans un service chargé des questions d’identité de genre au sein du système de santé britannique. Un roman pour ado et jeunes adultes qui parle de la différence mais surtout des genres, de deux adolescent(e)s aux identités contrariées, et qui soulève la question transgenre à l’âge des grands chamboulements, c’est audacieux ! L’histoire est touchante et agréable à lire, et accessible dès 13 ans.

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le 29 mai 2017

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Brice B

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D'autres avis sur Normal(e)

Normal(e)
AnaïsRolland
8

Touchée !

Chacun de nous devrait le lire pour comprendre un peu plus ce que sont les personnes transsexuelles ! Un livre très touchant. ♥♥ Le reste de ma chronique sur mon blog

le 23 mai 2017

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