Sous le nom de Raf Valet se cache un journaliste, chroniqueur judiciaire, Jean Laborde qui prit aussi le pseudonyme de Jean Delion pour écrire des polars ou des romans d'espionnage dans la collection "Série Noire" chez Gallimard.

Plusieurs de ses romans servirent de base à des scénarios de films comme en particulier "Mort d'un pourri" que mit en scène Georges Lautner. D'ailleurs, parallèlement à son activité de romancier, il a contribué directement à beaucoup de scénarios de films.

Là, dans "Mort d'un pourri", on est plutôt dans le polar avec de fortes connotations politiques. En effet, on est dans les années 70. La guerre d'Algérie et la tentative de putsch par l'OAS est terminée depuis un bail. C'est la fin des "trente glorieuses". Les anciens de l'OAS et du SAC, plus ou moins barbouzes, plus ou moins officiers, plus ou moins patriotes … se sont recyclés comme ils ont pu ou comme ils ont aimé. Et parfois se trouvent embringués dans des combines très douteuses.

Il en est ainsi de "Xav", ancien officier, grand ami pour la vie, de Philippe, aujourd'hui député. Le Philippe traficote avec de drôles de gens, un promoteur immobilier, Serrano, notamment, qui lui-même a des connexions avec la mafia corse, qui fait dans le trafic de drogue, le trafic d'influence, bref, le trafic en tous genres. Et voilà que le promoteur est tué, qu'un certain cahier, qui terrifie beaucoup de beau monde, a disparu. Et voilà qu'à son tour, Philippe est dessoudé faisant penser à une vengeance.

Le "Xav", sorte d'ange aux mains pas forcément très propres et la fille de Serrano, une belle jeune femme plutôt dure à cuire sont, évidemment, soupçonnés.

Le roman met en évidence, en 1973, tout un monde de compromissions et de corruptions. On découvre que les projets de campagnes électorales ou de grands projets immobiliers trouvent des financements sans trop de difficulté si on n'est pas trop regardant sur l'origine et l'odeur de la monnaie. Evidemment, ce peut être de l'argent qui peut coûter au final très cher lorsque le créancier se rappelle aux bons souvenir du débiteur … Et là, l'expérience d'un ancien de l'OAS, habitué à naviguer entre deux eaux (voire trois ou quatre eaux), peut servir dans une opération "survie"…

Bon, il va de soi que "Mort d'un pourri" n'est qu'un roman écrit par un homme au cerveau très fertile et follement imaginatif. Ces situations-là de corruption au plus haut niveau de l'Etat ou dans les grands corps comme la police ou la haute administration, qu'on semble découvrir en 1973 (date de sortie du livre), ne sauraient être que des épiphénomènes tout-à-fait invraisemblables. D'ailleurs, de nos jours, cinquante ans plus tard, je pense qu'on ne voit plus jamais au grand jamais, dans la vraie vie, de telles personnes pourries et corrompues jusqu'à la moelle au sommet de l'Etat. Non, non, non.

C'est Delon qui interprète le rôle de Xav dans le film de Lautner (1977). Au point que quand on lit (ou relit) le livre et qu'on connaît déjà le film, on ne voit plus que le visage de Delon dans ce personnage qui lui va comme un gant. Il me semble l'avoir déjà dit, le personnage ressemble tout-à-fait à un ange – exécuteur testamentaire en quelque sorte – aux mains plutôt pas très propres


JeanG55
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le 26 mars 2023

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