« Mike and Psmith » est un ouvrage de P.G. Wodehouse qui introduit pour la première fois son personnage fétiche, Rupert Smith dit "Psmith" (le p est muet). L’autre protagoniste de l’ouvrage, qui y possède le rôle principal, est Mike Jackson, dont la femme Phyllis sera l’un des personnages secondaires de « Tous cambrioleurs ». Il est d’ailleurs à noter que le roman fut d’abord publié sous le titre de « Mike ».


Le livre s’ouvre sur un paisible déjeuner de famille chez les Jackson, famille bourgeoise à la progéniture innombrable. Le plus jeune de quatre garçons, Mike, apprend une nouvelle qui le concerne au premier chef : il ira étudier à Wrykyn, école publique par laquelle sont déjà passés ses trois frangins. Dans la première partie du livre, on s’attachera à suivre les premiers pas de Mike à Wrykyn, ses exploits au cricket et ses déboires avec l’autorité sous toutes ses formes. Dans la deuxième partie, Mike se retrouve à Sedleigh, une autre école où la discipline est autrement plus sévère qu’à Wrykyn. Il y fait la connaissance du jeune Psmith – qui vient de s’inventer ce nom – déjà égal à lui-même.


Les œuvres de Wodehouse s’articulent généralement autour d’un schéma bien défini : un genre de magouille dans laquelle trempe le héros, souvent pour les beaux yeux d’une jeune femme, avec des quiproquos et des retournements de situation qui se suivent jusqu’à aboutir à un final où tout le monde sort globalement victorieux (à l’exception de ce pauvre Baxter).


« Mike » fait exception au schéma, sans doute parce qu’il s’agit d’une des premières histoires du maître. Il n’y a, dans le roman, pas vraiment de ligne directrice, de scénario qui mène les personnages d’un point A à un point B. Il s’agit simplement de conter, en quelques centaines de page, la vie estudiantine d’un adolescent.


Par contre, si le livre ne ressemble pas à du Wodehouse classique, il possède une parenté avec une certaine littérature jeunesse que j’ai jadis dévorée et adorée…
Un établissement muni d’un internat où les élèves sont regroupés en "maisons", un sport complètement incompréhensible pour le commun des mortels, mais qui semble néanmoins fasciner l’intégralité des pensionnaires, un personnage principal avec un certain dédain de l’autorité et un goût pour l’aventure, une fratrie de frangins interminable tous passés par l’école… ça vous dit quelque chose ?


Que ce soit dans « Harry Potter » ou bien ici chez Wodehouse, j’aime beaucoup la description de ce milieu étudiant, de ses traditions séculaires et des petites particularités so british qui rythment la vie des élèves. L’exhaustivité de la peinture de cette vie scolaire est sacrifiée ici au profit de l’efficacité de l’écriture et de la description de quelques péripéties trépidantes, mais la découverte de Wrykyn avec Mike fonctionne à merveille.


Il vaut mieux se renseigner un peu sur le cricket avant d’entamer l’ouvrage – la page Wikipédia et un rapide passage par YouTube suffisent largement –, même si, en néophyte complet, on peut toutefois entrevoir le fonctionnement du jeu au travers des très nombreuses phases qui y sont décrites par l’auteur. Cela ressemble beaucoup à du baseball, pour ceux qui seraient plus familiers de ce sport autrement plus répandu...


Tout ce petit monde évolue joyeusement jusqu’à ce que Mike, fraîchement débarqué à Sedleigh, fasse la rencontre de l’inimitable Psmith. Ses admirateurs, et Dieu sait s’ils sont légion, seront bien aise d’apprendre qu’à son tendre âge, le garçon est déjà un orateur impitoyable, qui sait semer la confusion comme personne et fait déjà preuve d’une certaine ignorance envers le concept de propriété. Et finalement, il n’y a pas besoin de grand-chose d’autre pour dévorer l’ouvrage.

Aramis
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Lectures 2016

Créée

le 13 nov. 2016

Critique lue 203 fois

2 j'aime

2 commentaires

Aramis

Écrit par

Critique lue 203 fois

2
2

D'autres avis sur Mike and Psmith

Mike and Psmith
Hameçon
7

Cricket, cricket, cricket

Ce livre constitue la première apparition de Psmith (le p est muet, comme dans cheval), le personnage principal de Tous Cambrioleurs, un de mes livres favoris. Ici, Psmith et son ami Mike donc (d'où...

le 3 août 2012

Du même critique

Shanghaï Express
Aramis
7

Docteur H. et les Femmes

En 1931, Josef von Sternberg retrouve Marlene Dietrich pour un quatrième film, « Shanghai Express ». L’histoire est située en Chine, et, plus précisément, dans le train éponyme qui relie les villes...

le 16 avr. 2015

19 j'aime

9

Thelma et Louise
Aramis
10

The girls the authorities came to blame

Le 24 mai 2016, à l’occasion des vingt-cinq ans du film, j’ai vu, pour la troisième fois, « Thelma et Louise ». Deux heures après, pour la troisième fois, le film s’achevait et me laissait le cœur...

le 5 juin 2016

19 j'aime

4

La Comtesse aux pieds nus
Aramis
5

Le conte de l'ennui

En 1954, Joseph L. Mankiewicz réunit deux monstres sacrés du 7e art : Humphrey Bogart et la belle Ava Gardner – qui lui est "prêtée" à prix d’or par la MGM – pour son film « La Comtesse aux pieds nus...

le 6 avr. 2015

18 j'aime

9