Amour et révolution

Encore une fois la note a pas trop de valeur ici puisque je ne sais toujours pas sur quels critère il faut noter ce genre d'ouvrage mais j'ai plein (genre vraiment plein) de choses à dire sur ce bouquin !

La première chose à dire c'est peut être de dire que c'est grave rafraichissant de lire quelque chose qui s'inscrit autant dans les reflexes de pensée marxiste, dans la perspective du matérialisme historique et qui se situe historiquement dans des périodes (pré-)révolutionnaire. Certes, ça demande de se décentrer un peu pour voir à quel point ces thèses sont viables dans nos sociétés actuelles mais ça permet aussi de se projetter vers un idéal. Et si un certains nombre des points qu'expose Kollontaï ont été démentis par "la grande hâche de l'histoire", il est aussi très interressant de voir quels espoir la révolution a pu apporté dans le domaine du féminisme, une piste qui est souvent un peu mise de côté dans les bouquins d'histoire générale de l'URSS.

Sur le plan du contenu, Kollontaï nous donne à lire la forme que pourrait prendre la révolution sexuelle dans la société des travailleurs. Par là, elle met en question ce qu'un certain nombre de changement dans la vie sociale et politique doivent apporté aux femmes. Elle montre bien - même si c'est parfois malgré elle - que la nouvelle forme d'amour dont elle fait la promotion (et qui est ce à quoi toute société saine devrait sans doute aspiré, puisqu'il ne s'agit finalement que d'un idéal de douceur dans les rapports sociaux, sans que la forme soit toujours précisement édictée) ne peut trouver une assise stable sans un certains nombre de changement politique. Par exemple la protection de la mère et de l'enfant sont des points qui doivent évidemment arriver avant la nouvelle forme de l'amour. L'égalité hommes/femmes doit être non seulement affirmée mais réalisée, afin que les femmes puissent jouir aussi concrétement que les hommes des bénéfices de l'amour-camaraderie. Malheureusement, l'histoire nous a montrer - et nous montre encore aujourd'hui - que cette égalité plus ou moins réalisée n'est pas suffisante à developper des mutations concidérables des formes amoureuses tout en préservant les femmes.

J'ai beaucoup aimé les passages qui impliqué de la littérature, les histoires et les poèmes sont toujours nos alliés dans la compréhension du féminisme. Notamment l'article dédié à la poétesse Akhmatova qui revalorise grandement le féminin et insiste sur ce qu'il y a d'important dans l'affirmation d'une femme nouvelle aux ambitions neuves elle aussi. Par ailleurs, c'est un des chapitres qui invite le plus fortement à remettre en cause les affects bourgeois qui ont un impact sur nos relations amoureuses. J'ai aussi beaucoup aimé le fait que cette édition présente un texte littéraire de Kollontaï à la fin, par la fiction elle nous fait saisir bien plus limpidement un certain nombre de ses idées qui peuvent paraitre obscures dans certains passages théoriques.

C'est aussi intéressant de penser que ces idées étaient marginales au coeur des révolutionnaires alors même qu'ils constituent le champs d'investigation principale de l'autrice, qui a eut certains poste de pouvoir en URSS. Leur diffusion et leur mise en place à l'époque auraient pu changer le visage actuel du féminisme et la condition d'un grand nombre de femmes. Aujourd'hui, ces textes sont des outils précieux pour élaborer un idéal de l'égalité h/f en lien avec les autres luttes puisqu'ils ont été pensé pour être viable dans un régime communiste et non pas capitaliste - d'où l'impossibilité de transposer immédiatement ses thèses à notre sphère pratique.

Les reflexions sur les moeurs et la vie quotidienne sont aussi extrêmement féconde puiqu'elles montrent comment la vie des femmes avait en partie concrètement changée et aurait pu continué à évoluer de façon drastique.

J'aurais encore plein de chose à dire, qu'elles soient générale ou plus personnelles, mais je vais m'arrêter là.

Salutations communistes