C'est le nom de Penrose qui m'a incité à ouvrir ce bouquin, plus que le nom d'Aldiss dont je n'avais de toute façon rien lu d'autre. Un immense physicien sachant écrire et un auteur généraliste réputé en SF, ça avait de la gueule sur la couverture, mais à l'intérieur ça sent un peu le moisi.

Dans un futur proche un groupe de quelques milliers de terriens vit sur Mars suite au moratoire sur sa terraformation décrété par les Nations Unies. Certains de ces martiens sont des chercheurs travaillant sur un détecteur de particule qui doit valider définitivement les théories sur l'existence de la masse dans l'univers. Tout se passe pour le mieux jusqu'à ce que l'économie terrienne succombe à une gigantesque crise qui stoppe court à tous les projets d'expéditions sur la planète rouge, dont les habitants se retrouvent livrés à aux même.

Présenté sous la forme d'un recueil de témoignages, on y apprend comment cette communauté fait face à son isolement et s'organise pour créer une utopie nouvelle, rationaliste, humaniste, dont les préceptes relèvent autant de la psychologie analytique que de la physique quantique. De la question de l'éducation à la gestion des ressources, tout est débattu à la lumière de l'Histoire et du futur incertain auquel ils sont confrontés.

C'est donc bien une véritable utopie politique qui veut se cacher derrière ces gros vaisseaux flottants sur la couverture. Louons tout d'abord cette ambition, qui n'est pas si courante en SF, de vouloir faire réfléchir le lecteur. Regrettons cependant que ça soit fait avec des sabots qui chaussent du 56 et que les idées développées soient toutes empreintes d'un orientalisme naïf qui rend le livre encore plus vieux qu'il ne l'est, comme si Aldiss était revenu en plein trip new-age après un ecsta périmé. En gros le méchant monde capitaliste paye enfin pour ses pêchés pendant qu'une société éclairée voit le jour loin des tentations et des perversions du Rez-De-Chaussée. Entre une partouze et un cours de physique des particules la joyeuse bande d'allumés atteint un niveau de spiritualité inégalé et parvient à entrer en résonance avec la Gaïa martienne...

Ajoutons à cela que sur le style, le mélange proposé d'anticipation et de hard-science ne m'a pas du tout séduit, surtout que je venais de finir Axiomatique de Egan qui, dans le genre, se pose là. L'écriture est hachée, on passe du coq à l'âne, ou plutôt du boson à l'archétype, le tout sans possibilité d'identification ou d'interpretation.
Bref, sa lecture m'a été assez pénible, même si il a quelquefois titillé ma curiosité par la multitude des thèmes abordés, seule qualité de ce livre atypique et bancal.
chevreuil
5
Écrit par

Créée

le 2 juin 2011

Critique lue 227 fois

1 j'aime

chevreuil

Écrit par

Critique lue 227 fois

1

Du même critique

Age of Empires II: The Age of Kings
chevreuil
7

Je t'aime, je te hais

J'ai une relation particulière avec AOE2 dans la mesure ou c'est à cause de ce jeu que je ne suis pas devenu guitariste rock ou encore dessinateur de BD à succès. En effet chaque heure passée à y...

le 3 déc. 2010

13 j'aime

1

Spin
chevreuil
9

De la grande SF

Oui on peut écrire de la SF sans faire s'affronter des hordes de robots ou des flottes de vaisseaux spatiaux! L'histoire de Spin se passe sur le plancher des vaches, dans un futur proche qui n'a...

le 3 oct. 2011

10 j'aime

La Maison des feuilles
chevreuil
5

Critique de La Maison des feuilles par chevreuil

Je vais sans doute faire le rabat-joie, mais ce bouquin m'a déçu. Pourtant je me considère comme bon public pour ce genre d'oeuvre originale, déjantée, ambitieuse, qu'on m'avait dit aussi singulière...

le 11 juil. 2011

10 j'aime