En automne 2019, un vent doux, coloré et revigorant s’abat sur l’esprit des lecteurs amateurs de Dario L. avec son second recueil Malédictions à tête chercheuse. Quant aux aventuriers, ils auront vite fait de se laisser conquérir, ou du moins emporter, par les mots. Dario L. est artiste par passion et infographiste de profession.
Pour les habitués, c’est sans aucun mal qu’ils repéreront son style graphique : un petit livre noir avec l’image séduisante d’une femme, qui se pourrait être une muse ou l’incarnation de la Poésie. Cette déesse attire notre curiosité et nous charme. Ici, l’artiste offre au lecteur une illustration riche et pétillante. Celle-ci est une mise en bouche pour notre cerveau avide de connaître la suite. Tout d’abord, notons que la douceur est non seulement visuelle mais aussi tactile. Nos doigts glissent sur cette couverture brillante comme sur la peau de cette femme. Le choix de la texture de la couverture constitue également un atout pour le rendu colorimétrique. Cependant, ce monde charmant semble destiné à un public mature à minima, comme nous l’avertit la typographie sobre sur son fond noir. Glissons nous néanmoins en ce territoire...
Qu’on soit un lecteur expérimenté ou non de cet auteur, la première de couverture vaut bien le coup qu’on s’y attarde quelques minutes. L’intrigue nous est tendue par le recours au corps fragmenté. Le cadre nous laisse apercevoir des lèvres sensuelles et nous suggère une belle poitrine. La sensualité se déploie aussi avec la longue chevelure dorée et avec le grain de beauté au dessus des lèvres. Le tout sur une note de tons chauds qui provoquent un certain embrasement chez qui regarde l’image. D’ailleurs, il semblerait aussi que le feu soit mis aux poudres. La chevelure nous indique le sens de lecture vertical de l’image. Elle est composée de mèches éparses qui s’immiscent sur le corps et qui ainsi donnent l’illusion de flammes. Tout comme le pendentif semblerait être une étincelle produite par la diagonale représentant une allumette. Cette étincelle déclenche alors les missiles. De plus, le bijou dessine le V du visage, le V signe du féminin vers lequel les trois missiles semblent cheminer. Mais il est possible de voir aussi une allusion au sablier, originellement gardien du temps, qui ici fait écouler les bribes de poésie inscrites dans le cou. Les missiles sont des capsules estampillées de mots qui tiennent lieu de grains de sable. Ce contenu se dirige vers le fond du sablier, formé par les courbes du sein, pour atteindre le cœur dont la présence est suggérée par la masse rouge logée sous le sein gauche. Ce motif du sablier reflète une poésie libre, explosive, fidèle aux objectifs et revendications de l’auteur. La matière du poète est présente dans la composition de cette illustration : les mots, le papier dont la texture nous est évoquée par l’aspect de l’image, le temps dont se saisit la poésie, l’amour, les sentiments, les corps, l’aventure ! La touche de couleur bleu, ton froid, attribue de la gravité à la présence des missiles...
Quant à la seconde de couverture, elle nous donne un avant-goût de la passion qu’a l’auteur pour la photographie et nous dresse ses contours par un auto-portrait au style singulier. Le lien entre la première et la quatrième de couverture est établit par la « tête » et par les couleurs bleu et rouge. Ce contraste des teintes pointe la nouveauté glaciale. Quant à la tête, elle semble ici chercheuse par le fait que celle-ci se démultiplie en ombres jusqu’à être nette lorsqu’elle a trouvé sa cible. Quant au format carré, il est un pied de nez à ce qui se fait sur les réseaux sociaux grâce à son organisation minutieuse rappelant la complexité de composer avec ce format sublime, héritage de la photographie argentique et instantanée.
En dessous de ce selfie ingénieux, quatre vers jonchent dans le seul but de nous interpeller, nous provoquer et nous mettre en appétit poétique. Cette strophe sonne comme un avertissement pour le lecteur. Nous sommes mis au défi. Quatre vers dont chacun des mots est dosé, du goutte à goutte. Les points de suspension nous invitent alors à aller nous désaltérer dans les entrailles du livre.
Il faut souligner la complémentarité des éléments : titre, image, autoportrait, vers, qui est essentielle à la construction de la curiosité du lecteur. Au final, ce jeu de piste nous émoustille. On s’attend donc à des écrits missiles qui nous impacterons sur le plan cérébral et émotionnel.
Personnellement, ma soif a été assouvie. Il y a à boire et même à manger dans ces pages. Une poésie qui peut être bête tout comme intelligente. Des mots qui nous touchent, du rire aux petites larmes. Des fictions ou des faits réels. Des petites histoires divertissantes et profondes qui parlent de nous et dont on ne peut pas se détacher.
Darkyscorpion7
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le 23 juil. 2020

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