Il faut tout le talent et l'expérience d'Elizabeth Gaskell pour rendre un portrait de femme aussi sensible et nuancé. Phillis est une jeune femme qui vit à la campagne chez ses parents, son père étant le type du clergyman-farmer.


A dix-sept ans, Phillis tient à la fois de l'enfant et de la femme et Elizabeth Gaskell situe son récit à cette période charnière de la vie d'une femme.


Phillis est une sorte d'éponge. Elle absorbe tout savoir à sa portée. Dans les livres de son père, elle a appris le latin et se lance dans l'Enfer de Dante pour apprendre l'italien en autodidacte.


A côté de cela, Phillis est une jeune beauté épanouie par le travail au grand air. Aimée des gens et des animaux de la ferme, elle élève les volailles, jardine dans le potager, cuisine dans l'office, coud et brode au salon. Compagne complaisante pour sa mère, élève disciplinée pour son père.


Les hommes ? Phillis n'en connait d'autres que son père, son supérieur, et les laboureurs, ses inférieurs. Paul, son cousin, le narrateur, essaye d'émouvoir cette nature à la fois placide et fine, sans succès. Pas assez de maturité aux yeux de Phillis dont l'esprit a été élargi par ses nombreuses lectures dont certaines, peut-être, ont fait naître en son âme une soif de l'amour idéal et absolu, de celui qui soulève et blesse, éprouve et contente, qui n'est jamais en repos et qui efface tout le reste.


Roman publié en feuilleton, "Ma cousine Phillis" est un récit pastoral attachant qui dépeint un destin de femme dans un cadre académique mais avec une grande modernité. On sent poindre l'émancipation, le libre-arbitre et l'indépendance dans les actes de Phillis. Mi-oie blanche, mi-femme de tête, elle nous offre le spectacle d'un amour initiatique riche de conséquences et d'enseignements. Simplement beau et touchant.

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le 4 févr. 2021

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Gwen21

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