Retour sur le cycle de Majipoor, avec le premier opus de la trilogie d'un nouveau coronal, après avoir tombé l'été dernier celle de Valentin, le coronal originel (et mythique) de Silverberg. Et voilà t-il pas que je me retrouve à rédiger la première critique (sur ce site, du moins) de ce bouquin. Si la trilogie de Valentin est parue au début des années 80, celle de Prestimion est plutôt à dater de la fin années 90, suivant de peu un ouvrage, très court, intitulé "Les montagnes de Majipoor", que l'on ne peut rattacher à aucune trilogie, et très probablement un galop d'essai (une sorte d'échauffement, diraient les sportifs) avant de reprendre à bras le corps l'écriture d'un pan complet de l'histoire de Majipoor.


Qui aura apprécié le premier cycle replongera avec plaisir dans l'univers de cette gigantesque planète, dont les descriptions foisonnent dans ce pavé de quelques 636 pages. Un regret, mon édition de poche ne comportait pas de cartes et j'ai parfois eu du mal à me représenter les tribulations des uns et des autres. Peut-être quelques longueurs aussi dans le bouquin, on finit par se lasser un peu devant tant de splendeurs à visualiser sa seule imagination. Mais bon, pas de fautes de goût, c'est bel et bien cohérent d'avec le premier cycle, et le lecteur averti y trouvera la genèse de l'existence du Roi des rêves, qui n'est pas encore une puissance de Majipoor à l'époque de Prestimion, n'est-ce pas Barjazid ?


Curieuse planète en fait, très médiévale d'une certaine façon, mais sur laquelle subsistent quelques restes d'une technologie passée (et dont les principes ont été oubliés), mais très futuriste. Avec ses nobles habillés comme des stars de funky music. Nombreuses descriptions là aussi, et plutôt poilantes si on fait l'effort de les visualiser. S'agissant de nobles, justement, la grosse différence d'avec Valentin, c'est que Prestimion ne passe jamais par le statut de baladin : exit l'ambiance baba cool, qui arrivait directement des seventies, avec ses jongleurs et ses funambules, place aux intrigues de cour et aux complots de boudoir. Aux conseillers et aux dignitaires rusés et soucieux de ménager leurs positions. Que Silverberg dépeint, et égratigne, avec sa finesse coutumière.


Voilà, et si l'on met de côté le cadre, l'intrigue est finalement simple, du moins en regard de la longueur du bouquin, et d'une certaine manière shakespearienne : pouvoir, lucre, famille, amour et destinées écrasantes. Sauf qu'au théâtre, c'est du condensé, ça tient en deux trois heures et que les décors sont moins forcément chiadés. Alors que là, j'ai quand même mis un moment à lire tout ça. Mais, il y a quelque chose de commun dans cette façon d'aborder des thèmes universel, avec talent. Sans doute la marque des plus grands.

Marcus31
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Lu en 2019

Créée

le 11 mai 2019

Critique lue 226 fois

4 j'aime

4 commentaires

Marcus31

Écrit par

Critique lue 226 fois

4
4

Du même critique

Papy fait de la résistance
Marcus31
10

Ach, ce robinet me résiste...che vais le mater

Ce qui frappe avant tout dans ce film, c'est l'extrême jubilation avec laquelle les acteurs semblent jouer leur rôle. Du coup, ils sont (presque) tous très bons et ils donnent véritablement...

le 2 sept. 2015

36 j'aime

5

Histoire de ta bêtise
Marcus31
10

A working class hero is something to be

Un pamphlet au vitriol contre une certaine bourgeoisie moderne, ouverte, progressiste, cultivée. Ou du moins qui se voit et s'affiche comme telle. On peut être d'accord ou non avec Bégaudeau, mais...

le 15 avr. 2019

32 j'aime

7

Madres paralelas
Marcus31
5

Qu'elle est loin, la Movida

Pedro Almodovar a 72 ans et il me semble qu'il soit désormais devenu une sorte de notable. Non pas qu'il ne l'ait pas mérité, ça reste un réalisateur immense, de par ses films des années 80 et du...

le 14 déc. 2021

25 j'aime