Exception malheureuse

J'ai lu 4 livres de Tokarczuk : "Sur les ossements des morts", "Dieu, le temps, les hommes et les anges", "Récits ultimes", qui m'ont paru de très bons livres (quoique pas sans défauts) et, malheureusement, ces "Pérégrins", présentés par l'éditeur comme son livre le plus important et qui me sont tombés des mains.

Tout d'abord, je n'ai pas du tout adhéré à la narratrice (double autofictionnel assumé de l'écrivaine) dont les pérégrinations essentiellement aéroportuaires m'ont semblé d'un ennui incommensurable. La thématique de l'errance incarnée dans certains personnages de l'œuvre romanesque que je connais (par exemple, la protagoniste de la nouvelle qui referme le triptyque "Récits ultimes") construisait de vrais ambiances ; ici, les vignettes se juxtaposent de façon mécanique, presque paresseuse. Certains passages "réflexifs" m'ont semblé vraiment très faibles (qui a envie de lire une ode à Wikipédia ?). Les passages fictionnels pourraient un peu sauver le tout, mais on est loin en-deçà des romans de l'autrice, les personnages étant à peine survolés, et les "chutes", très artificielles. Certes, des thèmes se dégagent de cette juxtaposition, et cela pourrait à peu près former une constellation (une allusion qu'on trouve dans le livre), si l'on veut bien, mais à mon sens, l'intérêt des fragments ne justifie pas cette entreprise de sauvetage de la part du lecteur. D'ailleurs, si c'est pour aboutir à des tartes à la crème du genre "la vie est un voyage"... Bref, je conseille la lecture de cette écrivaine indéniablement importante (et Prix Nobel mérité, au-delà de sa compatibilité certaine avec la distinction aujourd'hui), mais pas cet opus en particulier qui me paraît aussi faible que confus