Trois jeunes femmes au carrefour de leur vie s’interrogent sur leur résilience et leur capacité à affronter leurs problèmes. Un premier roman encourageant.


Anastasia ne laisserait personne dire que 29 ans est le plus bel âge de la vie. Confiante en elle-même, travailleuse et battante dans une grande entreprise, heureuse en amour, Anastasia s’effondre lorsqu’elle apprend pour son cancer du sein. Pour elle, ça n’arrivait qu’aux autres. Ou alors tardivement. Mais la nouvelle l’abat. Recluse chez elle, Anastasia attend, complètement dévastée, sans même prévenir sa famille. Son amie Iris l’épaule tout en se questionnant sur sa propre vie : souhaite-elle vraiment poursuivre avec Grégoire, l’homme que tout le monde dit être l’homme de sa vie ? Sauf que l’ennui qui s’installe et que les attentions de Grégoire deviennent étouffantes. Lolita, sœur d’Anastasia et dernier soutien à la malade, rejette elle aussi le monde qui l’a vu grandir : pourquoi étudier et rentrer petit à petit dans un moule ?


Crise d’adolescence pour Lolita, crise du quart de vie pour Iris et effondrement pour Anastasia. Capucine Delattre, qui signe là son premier roman, décide de mettre les trois héroïnes sur le même plan. Ces trois femmes en souffrance savent se lier et se poser les bonnes questions. Si le roman n’est pas exempt de quelques défauts comme certains clichés (« Anastasia s’accroche à son téléphone, comme si on interlocuteur pouvait sentir l’effusion de son étreinte ») et des retours à la ligne bien trop récurrents, Les Déviantes ausculte toute de même profondément le destin de ces trois combattantes grâce à un sens du rythme. La première partie, la plus réussie, qui suit les errances et les angoisses d’Anastasia, ne peut que toucher.



On sera là pour te repêcher, mais pas trop quand même, si on pouvait
éviter, on t’avoue que ça nous ferait plaisir. On est fiers de toi,
dans la mesure où tu fais tout pour. On t’accompagnera, mais seulement
sur les terrains que tu connais déjà. On t’approuvera, mais ne compte
pas sur le luxe des deuxièmes chances, on les a déjà vues nous passer
sous le nez, il n’y a aucune raison que tu y aies droit à partir de
là. Et évite de nous faire complexer sur notre crise de la
cinquantaine, tu seras mignonne, c’est déjà assez costaud à gérer.


JulienCoquet
6
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le 20 août 2020

Critique lue 277 fois

Julien Coquet

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