Livre passionnant et disruptif, établissant la primauté de l’esprit sur la matière. Œuvre zététique et spirituelle, qui tient à la fois des principes de la haute magie et des pires techniques d'écoles de commerce. L'auteur, un avocat de métier, nous enseigne que les méthodes de manipulation et d'influence des prestidigitateurs gagnent à être utilisées dans de nombreux domaines de la vie quotidienne. Avec ce livre on apprend bien plus qu'a négocier, on découvre une véritable voie à maitriser pour être au monde avec plus de force. Il est plein de traits d'ésprit, d'anecdotes, de mises en situation et d'exemples. Clair, précis et pratique, le Pouvoir de l'Illusion donne parfois le vertige, surtout lorsqu'il nous fait réaliser à quel point nous en avons été les sujets. Car en tournant une à une ces pages, en apprenant à devenir vous-même un magicien de la communication, vous allez surtout vous désillusionner, vous guérir définitivement de ces procédés dont nous sommes tous si facilement les victimes. En voici ma synthèse personnelle.


Le premier ennemi à combattre est l'esprit critique de ceux qui nous observent. Cette attitude arrive lorsque notre adversaire est en péril ou qu'il perd ses repères, il va alors chercher à nous attaquer. Voila pourquoi le premier principe est qu'il n'y a ni bon ni mauvais tour de magie, seulement des tours bien ou mal présentés. Afin de maitriser l'esprit critique de nos observateurs, il y 5 principes : le silence, le calme, le doute, la cohérence et la sympathie. C'est la première partie.


Le silence doit être le fondement de toute pratique de l'illusion. Cela donnera de l'impact à ses rares paroles, que l'on ne doit émettre que lorsque l'on est sollicité, sans se laisser interrompre, et après une prise de parole qui attire l'attention. Il ne faut pas reformuler ses questions ou ses demandes lorsqu'elles ne sont pas suivies de la réponse attendue, mais les renforcer par de la gestuelle, sauf si l’interlocuteur indique son incompréhension. Retenez votre parole, même lorsqu'on vous la propose, afin d'augmenter sa valeur. Ponctuez bien vos phrases de silences pour leur donner de la clarté et du poids. Face aux interrogations des autres, cherchez trois réponses : celle qui est la bonne, celle que l'autre veut entendre, et celle qui est l'intention masquée derrière le questionnement de l'autre. Donnez d'abord la réponse que l'autre veut entendre, puis celle qui est la bonne. Enfin interrogez l'autre sur ses motivations à vous poser cette question. Face aux critiques, ne répondez pas, ne vous justifiez pas, ne vous dévoilez pas.


Le calme est perceptible par une gestuelle calme, lente et maitrisée. Il faut exécuter nos actions sans précipitation ni nervosité. Évitez la maladresse et les gestes impétueux en visualisant les mouvements que vous allez faire avant de les réaliser, même pour les actes du quotidien. Vous pourrez ainsi améliorer votre précision, et en créant des étapes de manipulation intermédiaires et rendre passionnant des actes banals. Faites des phrases courtes, sans tics de langages, sans hésitations, mais sans pour autant les dire rapidement. Exprimez vous lentement en mettant des accents toniques sur certains mots essentiels, sans pour autant vous montrer condescendant. Portez votre voix dans les tonalités graves en gardant à l'esprit un sourire intérieur stimulé par un recul amusé sur les événements du quotidien. Cela laisse supposer une confiance face à la vie qui rassure. Gardez à l'esprit que tout les événements sont positifs, sans laisser paraitre de désarroi.


Le doute est le germe de l'esprit critique. Évitez l'autosatisfaction en doutant de vous même afin de vous pousser à toujours progresser. Mais ne pratiquez cela qu'en dehors des moments d'action, jamais lorsque vous êtes confronté aux autres. Ne vous arrêtez pas en cours d'action, ne vous excusez pas en paroles, mais en actes. Vous devez douter avant et après une rencontre, mais jamais pendant. Laissez les autres douter de vous, surtout lorsque vous savez qu'ils sont dans l’erreur. Ne cherchez pas à les détromper, mais par votre assurance parvenez à les faire douter de leur doute. Vous pouvez même faire douter les autres sur vous, ou encore mieux parvenir à les faire douter d'eux mêmes. Faites en sorte qu'il n'y ait pas de certitude ni de sécurité, car l'assurance de votre interlocuteur peut vous mettre en danger. Évitez d'enlever tout doute à votre interlocuteur, et gardez en tête que ralentir le processus relationnel constitue une marque d'estime et de considération.


La cohérence est le meilleur moyen d'éviter d'éveiller l'esprit critique. Il faut créer une motivation, une construction apparemment logique qui explique et justifie tout vos actes. Votre communication doit toujours suivre cette narration afin de dissimuler les défauts inhérents à toute démonstration et vous permettre de gérer les opportunités. Ne donnez jamais la totalité des raisons à la base de vos motivations. Moins vous en direz, et plus vous donnerez le sentiment d'être dans le vrai, donc évitez de montrer votre contentement ou votre satisfaction suite à une réussite. Ne doutez jamais de ce que vous affirmez, soyez vous-même convaincu de ce que vous dites, malgré qu'il puisse manquer des éléments de certitude. Cela peut vous amener à établir de manière artificielle des rapports rétrospectivement cohérents à partir d'informations reçus après l'action. Évitez de présenter votre cohérence réelle, et présentez le plus possible une façade lisse par le silence. Cela vous évitera de nourrir votre contradicteur avec les arguments qu'il utilisera contre vous. Votre sincérité ne sera pas toujours réciproque, et c'est le mystère qui renforce votre charme.


La sympathie est une émotion qu'il faut savoir éveiller avec parcimonie. Il faut l'utiliser pour faire naitre la séduction qui est un jeu subtil d'équilibre entre la sympathie et l'antipathie. Faites vous respecter en apprenant à dire non, ne soyez pas immédiatement dans l'acceptation et ne saisissez pas ce qui est proposé avec enthousiasme. Essayez d'être sympathique seulement lorsqu'on vous soupçonne d'être antipathique, et répondez toujours un cran en dessous de la sympathie exprimée. Ne vous dévoilez pas, mais donnez aux autres un reflet d'eux même en leur renvoyant une image positive : ne vous mettez pas en avant, ne leur permettez pas de cerner votre caractère, créez un état de dépendance. Attention à ne pas donner la certitude que vous êtes antipathique en laissant toujours échapper des bulles de sympathie au bon moment.


Ces cinq principes doivent être assimilés afin de pouvoir les mettre en pratique dans les techniques de persuasion plus classiques. C'est la deuxième partie. Il s'agit de la gestion de l'énergie, de l'humour, des sphères d'autonomie et des erreurs.


L’énergie d'un orateur se ressent par sa voix et son attitude. Mettez vous en contact avec des objets de matière noble afin de bénéficier d'un bien être inconscient venant des vibrations infinitésimales de leurs électrons. Pour cela, maitrisez la position de vos mains et ce qu'elles expriment. Ancrez aussi vos pieds au sol pour avoir une bonne position. Un point capital est de garder la tête droite, car un visage incliné exprime la faiblesse et le doute, le manque d'assurance. Redressez vous dans une stature rectiligne. Gardez une ouverture visuelle maximale, ne posez jamais vos mains sur votre visage. Gardez à proximité un matériau source d'énergie, quelque chose de stable : une table, un bras de chaise, quelqu'un de votre entourage.


Le rire est la manifestation d'un abandon, d'une détente des défenses contre les autres. Prenez toujours les choses au sérieux. L'inverse peut faire croire à un manque de respect de votre part, Laissez à l'autre l'initiative du rire, et dans ce cas là, continuez dans son sens.Mais évitez de vous prendre personnellement au sérieux, vous deviendriez ridicule. Évitez de laisser tomber à plat des réflexions, évitez de rire avec ceux qui semblent nerveux, ou qui risqueraient de ne pas comprendre votre légèreté. Observez les réactions, et si cela fonctionne, n'hésitez pas à en rajouter. Si cela ne fonctionne pas, laisser les autres user d'humour. Après toute question que l'on vous pose, marquez un silence pour symboliser votre réflexion. Cela vous permettra, lorsque vous hésiterez réellement, de garder votre cohérence. Apprenez comment l'autre se considère plutôt que ce qu'il pense de vous. N'affichez jamais une trop grande assurance à priori.


Les sphères d'autonomies sont physiques et intellectuelles. C'est l'envergure de vos bras, la portée de votre voix et de tout les bruits que vous pourrez faire. C'est l'espace dans lequel vous pouvez respirer un air pur, non vicié par le gaz carbonique des autres. Lorsque vous devez échanger un objet, n'avancez pas votre corps, mais seulement les mains, de façons à ce qu'elles soient à mi distance sans que les bras soient tendus. Soyez dans l'attitude de l'offrande, de proposition, sans empiéter sur la sphère de l'autre. Il acceptera de prendre ce que vous lui offrez sans opposer de résistance, sans pression et sans méfiance. Évitez de faire toute sortes de bruits pour ne pas réveiller l'esprit critique. La largeur de la sphère d'autonomie d'un individu dépend de sa prise de conscience du fait que le monde ne gravite pas autour de lui. Plus il va vers les autres en étant conscient de leur angoisses, plus sa sphère est large. Il faut un ego important pour ne pas douter qu'on va réussir et simultanément beaucoup d'humilité devant les efforts et les sacrifices que demandent l'exploit. Il faut faire les choses pour les autres, pas pour se faire plaisir. L'humilité mène loin, inutile de se vanter de ses réussites. Le meilleur moyen de se faire des amis et de les garder est de rendre notre ego le moins visible possible. C'est ainsi que l'on fait taire l'esprit critique des autres, en le rassurant sur ces deux plans, physique et intellectuel.


L'erreur ne doit pas être ignorée ni minimisée. L'attitude la plus positive est de garder son calme, de ne jamais s’énerver. Ne tentez pas de vous excuser ni de vous justifier pendant des heures, ne dites rien. Avec sérénité, étudiez le moyen de corriger votre erreur et mettez le en œuvre. En cas de retard, par une attitude humble, marquez votre désir de ne pas perturber le déroulement des choses qui ont commencées, et reportez vos explications à plus tard. Manifestez que vous êtes conscient de la gène occasionnée en proposant de remettre à plus tard le rendez vous. Si les autres sont en retard, cela peut être pour vous déstabiliser. Dans ce cas là, reportez à plus tard le rendez-vous. Dans les autres cas n'y attachez pas d'importance.


Dans une dernière partie, ces principes et ces techniques trouveront une application dans la vie quotidienne. Avec les enfants il faut parler comme un adulte si l'on veut le respect, avoir confiance en eux, et éviter de vouloir leur paraitre supérieur, puisque c'est le cas dans les faits. Face à l'insistance puérile il ne faut pas s’énerver, s'emporter ou répondre, mais présenter une paroi lisse sans accroche ayant une absence totale de réaction, jusqu'à ce que l'enfant soit lassé. Avec les situations de séduction, cultivez le mystère, ne cherchez pas à tout expliquer, et faites semblant de trouver les autres passionnants. Avec les examinateurs oraux, ayez un tel sentiment d'assurance et de tranquillité que le jury n'osera pas vous questionner car il percevra de manière intuitive que vous connaissez votre sujet. Cela s'obtient par une gestuelle maitrisée transmettant un sentiment de stabilité et d'équilibre. Avec un entretient d'embauche, focalisez vous sur le fait qu'il faudra parler le moins possible, ne pas chercher à prouver, et laisser l'interlocuteur extrapoler le plus possible sur votre compte. Prévisualisez cette scène, et ne critiquez jamais le passé, car le jeu consiste à faire en sorte que le candidat se détruise lui-même en parlant trop. Avec les collaborateurs, ne donnez jamais votre avis, mais recherchez toujours ce que l'on veut vous faire dire, puis renvoyez la question à l'expéditeur. N'espérez pas résoudre les conflits dans la précipitation, mais réunissez les élément pour instaurer le calme. Respectez les sphères d'autonomies, donnez aux personnes l’importance qu'elles méritent en sortant de la zone de votre bureau lorsque cela est nécessaire. Ne réagissez que sur les choses fondamentales et professionnelles, sans faire de social. Avec les administrations, jouez sur la peur qu'ont les fonctionnaires de recevoir un blâme en commettant des erreurs, faites en sorte qu'il vous demandent ce dont vous avez besoin, et éliminez de votre comportement tout forme d'empressement et d'agitation. Laissez les faire leur travail et respectez les, mais générez l'inquiétude par votre silence. Ne dites pas merci, ce qui sous entendrais que vous êtes redevables. Avec les négociations financières, sachez que le premier qui donne un chiffre va dévoiler à l'autre une information dont il va tirer profit. Ne laissez sortir aucune marque de sympathie ou de détente tant que le résultat espéré n'est pas atteint, gardez le silence et instillez le doute. Avec les argumentations, commencez par des éléments de cohérence absolue pour remonter vers la cohérence relative que vous voulez faire admettre à votre interlocuteur en le faisant entrer dans une adhésion progressive à votre narration. Avec les voisins, respectez le droit acquis par l'antériorité, rassurez en informant sans en faire trop. Soyez courtois sans rentrer dans leur intimité. Faites comprendre que vos intérêts réciproques sont d'organiser la meilleure entente possible entre vous.

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le 25 oct. 2018

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