À mon sens on peut séparer la littérature internationale en deux grandes familles : la littérature active et la littérature contemplative. Chacune a ses tenants, ses inconditionnels et les deux camps s'insultent régulièrement à coup d' »ignares » d'un côté et de « coupeurs de cheveux en quatre » de l'autre (ce qui ne me semble pas très intelligent, puisque de gustibus et coloribus non est disputandum, des goûts et des couleurs on ne discute pas). Les auteurs qui passent de l'une à l'autre sont parfois mal vus, car difficiles à catégoriser, mais en même temps se cantonner à l'une des deux méthodes peut provoquer chez le lecteur une lassitude difficile à dissiper. Difficile dans ces conditions de choisir son camp ? Pas tant que ça. Voyons plutôt

Dans le camp des actifs, on a le roman d'aventure, le « grand roman américain », les littératures russe et française du XIXème... tous ces textes où les héros sont acteurs de leur vie (même si un destin au-dessus décide de tout pour eux). On y trouve des dialogues, des descriptions, ils sont le plus souvent écrits dans l'un des temps du passé et généralement à la seconde personne du singulier.

Dans le camp des contemplatifs on a la littérature française des XVI et XVII, XX et XXIème siècle, le roman américain « moderne » (Roth, McCarthy...), une grande partie de la littérature moderne des pays baltes... tous ces textes où la pensée du héros compte plus que ses actes. Généralement c'est écrit au présent, généralement c'est à la première personne du singulier.

Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit. La totalité des romans n'entre pas franchement dans l'une de ces cases, il y a des romans actifs au présent et des contemplatifs au passé, il y a des actifs avec des contemplations, des contemplatifs avec un peu d'action ... Ce qui compte c'est la « substantifique moelle » du roman, comme dirait l'autre. Ce qui a fait que l'auteur a eu envie d'écrire,

Généralement, en tant que lecteur, on est naturellement d'un côté ou de l'autre. Personnellement, je crois que je suis dans le camp de la littérature active. Je m'ennuie vite à observer un personnage refaire le monde en pensée, les contes philosophiques ne m'ont jamais passionnée et « l'art pour l'art » n'est pas réellement ma priorité. Je pense être capable de reconnaître une belle écriture, mais j'ai besoin qu'on m'emmène quelque part. C'est ce qui m'a fait défaut dans Le Pont. L'écriture m'a touchée, mais je me suis vite fatiguée de lire les grognements du héros pour qui tout était mieux avant. Je ne suis pas très branchée politique, c'est probablement l'un de mes défauts ou tout du moins quelque chose que je regrette, mais les longs débats d'idées m'ennuient. Alors si le héros de Trevisan trouve que l'Italie est un pays catastrophique, ma foi, ça ne me passionne pas.

Pour le coup, c'est rageant, parce que je sens que derrière ce roman il y a autre chose, mais je ne suis pas parvenue à m'intéresser suffisamment au récit pour dépasser la moitié du livre. Tant pis, je suis une indécrottable « lectrice active » !
Ninaintherain
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le 27 mars 2012

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