Black and Green

Bon, en fait ma chronique porte sur la trilogie Michael Fortsythe, dont "Le fils de la mort" est le second volume. Trilogie qui narre une grosse dizaine d'années de la vie du susnommé, petite frappe de Belfast contrainte à l'exil aux Etats-Unis suite à un malheureux concours de circonstances. La trilogie a été rééditée en 2022 en un seul volume, qui constitue un pavé de près de 1500 pages, réédition qui n'a jamais été référencée sur SC. Cela s'expliquant par le fait que l'auteur n'est quand même pas très connu, du moins en France, mais aussi par le fait que la dite trilogie a été écrite il y a 15~20 ans (2003-2009).

Le premier volume s'appelle "A l'automne, je serai peut-être mort", et Forsythe, qui en est le narrateur dans les 3 livres, ne croit pas si bien dire. Il rejoint à New York une mafia irlandaise, un peu sur le déclin, et va vite se trouver embringué dans une sale histoire dont il se sortira par une vengeance impitoyable et au prix d'un de ses pieds. Le second volume (cinq ans après), "Le fils de la mort" le mettra aux prises avec une cellule radicale de l'IRA, établie toujours aux Etats-unis. Pas de quartier là non plus. Le troisième et dernier volume (plus de dix ans après), le verra revenir dans sa ville natale pour course contre le temps, en 24 heures chrono, qui prendra des allures d'Odyssée, et croyez le ou non, clôturera la trilogie par un dénouement heureux.

Néanmoins, le nombre de cadavres que laisse Michael Forsythe sur son chemin est innombrable. Âmes sensibles s'abstenir; la violence est omniprésente et McKinty n'épargne aucun détail à ses lecteurs. Ce qui fait passer le truc, c'est l'humour (forcément parfois un peu noir) du narrateur, qui en définitive s'avère ne pas être une brute sanguinaire, un type plutôt cultivé (il lit beaucoup) et maniant l'ironie à la perfection, notamment dans la description des personnages qu'il côtoie et dans ses réparties. S'il tue de sang-froid, c'est en général parce qu'il est pris dans des engrenages qui le dépassent et au final, il est quasiment impossible pour le lecteur de ne pas le trouver sympathique. Ce qui est représente un tour de force de la part de l'auteur, étant donnés tous les macchabées dont il parsème ses pérégrinations. Il ressemble d'ailleurs un peu (beaucoup) à Sean Duffy, autre personnage central d'une trilogie de McKinty, mais un Sean Duffy qui serait passé de l'autre côté, plus exactement que le destin aurait fait basculer de l'autre côté.

Après, c'est très irlandais, même si deux des trois volumes se déroulent aux Etats-Unis. Amour (si, si) et vengeance sont les deux mamelles de la trilogie et les descriptions faites de Dublin et de Belfast (après la fin de la guerre civile) valent leur pesant de cacahuètes. Et puis McKinty s'autorise des passages oniriques, forts bien écrits et traduits, notamment quand Forsythe est à l'article de la mort, ce qui lui arrive évidemment de temps à autres. Tout ça en fait un excellent roman noir, que je recommande de lire d'une traite, c'est à dire en enchainant les trois volumes.