Un ouvrage riche, généreux. Je regrette personnellement son approche souvent descriptive et que j'eusse souhaitée, aux abords de ce livre, davantage analytique. J'imagine que cette approche, quelque part plus terrienne, compose un véritable atout pour présenter le cinéma d'Edward Yang, surtout à l'heure de la parution du livre, c'est-à-dire il y a 10 ans : époque où l'accessibilité des films d'Edward Yang était pour le moins cas d'exception. Devait-on alors connaître "Yi-Yi" (一一), et pour les plus aguerris en avoir vu un peu plus... Trop rares étaient ceux qui, comme Jean-Michel Frodon, avaient su tout suivre (ou rattraper) de très près.


La véhémence simple et profonde qui habite ce livre et cet "accompagnement" dans la carrière de Yang en fait une belle première pierre à l'introduction et la revalorisation du cinéma et de la personnalité d'Edward Yang en France. Bien des pépites (iconographiques et/ou textuelles) ne semblent aujourd'hui encore trouvables qu'entre ces pages généreuses, dont le tour d'horizon très complet nous offre une vue assez rare sur ce réalisateur, à travers un portrait tant professionnel qu'intime. Jean-Michel Frodon nous aide à lire la simplicité profonde de cet auteur. Cette simplicité dont il fait projet avec "Yi-Yi" (一一), cette simplicité qui habite son court-métrage "Desires" (指望) , cette simplicité immédiate de sa pratique du dessin, de sa paternité, de son approche du numérique... Une facette essentielle d'Edward Yang et plus généralement de la Nouvelle Vague taïwanaise, trop souvent voilée derrière son statut de "cinéma d'auteur" (même parmi les taïwanais) et qui pourtant n'aspire qu'à retrouver son initiale ferveur : celle d'un cinéma qui, derrière sa belle complexité et sa fine intelligence, est avant tout le simple reflet d'une société, d'histoires de vies fondamentales et communes, sujettes à toucher le plus large des publics.


❇ Sur cette fiche, ce livre est catégorisé dans "vie pratique". Cela, au fond, lui va très bien.

Amertumes
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le 23 mai 2020

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