Quand on a lu et apprécié "L'étudiant étranger", "La traversée" et "Tomber sept fois, se relever huit", on s'attend à ce que le Philippe Labro de 76 ans, plein de sagesse et d'expérience nous délivre un livre profond, aux multiples couches de réflexion, prouvant le désir qui l'habite encore d'écrire et d'être lu.

A la place, on découvre 175 pages de lieus communs, de pseudo philosophie et d'écriture médiocre, l'exemple type du roman raté, de l'auteur passé juste à côté de son sujet.

Et pourtant, ça partait bien, ça commençait juste et précis, un peu littéraire, un peu lointain, comme le sont les penseurs: le flutiste invisible, celui qui anime, en coulisse, les marionnettes que nous sommes, qui nous joue une sérénade comme un dresseur de serpent, qui influence nos existences, qui nous donne les petits coups de pouce providentiels et cruciaux dont nous avons tant besoin, qui marque de son empreinte nos expériences les plus importantes – celles qui définissent nos vies – qui est-il?
Voilà la question naïvement posée par l'auteur, qui tente à l'aide de trois exemples, d'illustrer l'œuvre de ce musicien de l'univers. Un jeune homme en route pour le nouveau monde et dévoyé par une créature sensuelle et sexuelle (et féminine), un rescapé des camps nazis, un tireur d'élite pris d'un doute inexplicable quand apparaît dans sa lunette l'auteur du roman, et qui décide, Dieu sait pourquoi, de ne pas appuyer sur la gâchette.

L'échec est subtil; il n'est pas donné à tous d'entendre les fausses notes perpétuellement commises par l'écrivain. Les personnages ne sont pas réels, les dialogues trop vite écrits, la suite des événements trop prévisibles. C'est tarte, c'est nunuche, c'est culcul!

On tourne les pages, vite on cherche les mots qui sauront nous nourrir l'esprit, nous distraire de la mort du concurrent de Koh-Lanta, mais en vain! Le sexe est présent dès les premières pages, en agent racoleur façon Houellebecq, les sentiments dégoulinants ne manquent pas façon Musso, et le philosophe de cuisine fait son apparition à la fin comme chez Nothomb.

Quel est le prétendu intérêt du livre? Que voulait dire l'auteur? Que l'Homme ne maîtrise pas son existence? Un enfant de 5 ans l'a compris. Que les camps nazis étaient horribles et inhumains? On s'en doute! Que parfois l'Homme ne se comprend pas lui-même? Et allez donc, voilà le scoop du siècle!

Conclusion, qu'est-ce qui m'a pris d'acheter un bouquin pareil? Peut-être un mauvais coup du flutiste invisible…
BenjaminGodts
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le 2 avr. 2013

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Benjamin Godts

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