Maravan, simple commis de cuisine dans un restaurant chic zurichois, est en réalité un excellent cuisinier, qui apprend en observant les secrets de la cuisine moléculaire et les adapte aux traditions sri lankaises. Il se fait virer et, de fil en aiguille, son ancienne collègue Andrea le "débauche" et le convainc de préparer des menus aphrodisiaques pour de riches clients.
Suter écrit avec talent, c'est indéniable. Maravan, qui ne vit pas vraiment ici tant il est préoccupé par sa famille là-bas, est un personnage très attachant (bien plus qu'Andrea, aux contours un peu lisses). Certains passages sont absolument émouvants, et la manière de Suter de lier son histoire avec l'actualité pour l'ancrer dans le réel extrêmement efficace.
Il y a malheureusement quelques invraisemblances dans la mise en place de l'histoire (Maravan propose à son chef, qui utilise de la poudre de curry, de lui apprendre à faire un vrai curry, ça ne colle pas avec son caractère du tout, Maravan improvise un repas pakistano-moléculaire en une demi-journée, chapeau) et dans les relations. Surtout celle-là, de taille: Andrea découvre les vertus aphrodisiaques des plats de Maravan de la manière, disons, la plus naturelle qui soit. Passe encore que ce Tamoul qui refuse de servir ses menus aphrodisiaques à des couples non mariés s'en serve pour mettre une fille dans son lit: on sait que les garçons peuvent être très incohérents quand il s'agit de voir une belle toute nue. Mais Andrea, lesbienne, se jette sur Maravan alors qu'elle ne couche pas avec des hommes. Puis, pour vérifier, se sert du même menu pour mettre une hétéro dans son lit. Mais bien sûr. Imaginons la même scène avec des messieurs: Suter n'aurait probablement jamais osé l'écrire, ou se serait fait rire au nez. Mais quand c'est des filles, là, ouais, on peut.
Mais ce qui me gêne le plus, finalement, c'est que ce livre, qui parle de cuisine et d'érotisme, les deux plus grands plaisirs de la vie, ne parle pourtant jamais de plaisirs. Maravan, d'ailleurs, déteste l'odeur de la cuisine... Rien de tout ça ne m'a mis l'eau à la bouche.

Bref, j'ai aimé l'histoire de fond, celle qui concerne le quotidien d'un immigré Tamoul qui frôle le monde du fric zurichois et ses sales côtés, j'ai moins aimé les raisons qui l'y amènent.
flipflap
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le 22 oct. 2010

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