Après son premier livre récompensé par la RTBF en 2009, Nicolas Marchal, écrivain namurois de 35 ans, nous a pondu un nouveau chef d'œuvre. Humour décalé et style cru y sont au rendez-vous. Le tout raconte les pensées perverses, crédules et passionnées de 4 personnages à la fois différents et semblables. Tous ont une chose en commun : l'amour. Que se soit le premier, le dernier, le fou ou l' éternel, ils sont tous sous son emprise.

Parmi ses prisonniers, il y a une vieille dame nouvellement veuve rappelant la grand-mère typique. Alors qu'elle se sent tellement seule, qu'elle continue à parler à son mari, elle raconte une histoire folle à son petit-fils, Stan. En plus de paraître sentimentale et, disons-le, un peu mythomane, elle fait preuve de manipulation et d'empathie envers son entourage.

Dans la rubrique 'adolescent innocent et crédule', nous avons Stan. Jeune rhétoricien intelligent qui croit à tout et n'importe quoi, le genre premier de la classe se laissant distraire par les attributs d'une fille. Enfin pas n'importe quelle fille, LA fille. Celle qui fait battre son cœur à tout rompre, celle qui le transforme en un rockeur fan de Che Guevara ou en tout cas du tee-shirt Che Guevara qu'elle porte. Bien sûr, on a envie de pleurer, irrité par ses illusions qui lui coûtent son orgueil et sa virilité ; p.74« Elle venait me demander de la laisser copier pour l' interro de math, mais je sais bien que c'est un truc pour s' asseoir à côté de moi sans éveiller les soupçons de ses copines ». Mais en même temps, on ne peut s'empêcher de penser : « ce n'est qu'un enfant ».

Du même acabit mais avec des années en plus, il y a Mr Floyon. Le jour, professeur d'histoire adepte de la théorie du complot et la nuit, stalker(1) fou de sa collègue. C'est un homme que les filles n' aimeraient pas rencontrer et que les garçons adoreraient frapper s'ils connaissaient ses pensées. p.136 « Enfin, depuis que mon staff et moi nous nous glissons dans les recoins de l'école, offrant une bonne vue sur la cour, il n'y en a plus un qui ose un pet sans qu'on puisse en mesurer la trace dans le slip. »

Et pour finir, Monsieur Joseph, écrivain du livre dont s' est inspiré Henriette pour son mensonge, La tactique katangaise. Incarcéré dans une maison de retraite et décédé pour le reste du monde, c'est un vieux ronchon qui regrette ses actes passés et qui va tout faire pour se racheter. On peut lire ses jolies pensées dans un langage non conventionnel. P.89 « Absolument et tout à fait une merde, voilà ce que je suis, une merde fuyante, filant dans les canalisations de l'existence, sous la terre, à l'intérieur de moi, me pénétrant, me pourléchant les tripes,[...] ».

Bref, c'est un livre délirant et attachant dont les fautes d' orthographe et la grammaire rendent la lecture difficile. De plus, le titre combiné à la couverture représentant un éléphant blessé prête à confusion. En effet, il ne faut pas s' attendre à une explication sur l'histoire du Katanga mais plutôt à un écrit jouant sur le thème du sexe, de l'amour et de la crédulité. Nicolas Marchal a su ficeler le tout d'une manière étonnante avec, peut-être, des mots trop choquant pour certains. Je termine par la dernière pensée qui m'est venue en fermant le livre : « une histoire captivante pleine de folie ».

Marchal Nicolas, la tactique katangaise, Bruxelles, Editions La Muette Le bord de l'eau, 2011, 234p.

(1) : « un individu, à l'affût, qui en cible un autre, dans le but de l'importuner, le harceler ou le menacer. »
(http://dictionnaire.sensagent.com/stalker/fr-fr/)
DéborahH
8
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le 22 avr. 2012

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