Lutte à mort entre un tueur d'enfant, Killjoy, et le père d'une de ses petites victimes dans ce roman très sombre de Tom Piccirilli.

Le bonheur est éphémère. Le bonheur ne tient souvent qu'à un fil. Le malheur, par contre, est trop souvent éternel. La vie d'Eddie Whitt bascule quand il découvre sa fillette, Sarah, morte dans son lit. Elle vient d'être assassinée par un tueur en série. Etouffée avec son oreiller. Le monstre signe son forfait en dessinant un visage d'enfant stylisé sur l'arme du crime. En quelques mois, une dizaine d'enfants seront tués de la sorte. Cela fait cinq ans que Sarah est morte. Cinq ans que Whitt tente de démasquer Killjoy. C'est lui qui a trouvé ce nom. Le marchand de sable, le tueur à l'oreiller.
Eddie, réalisateur de films publicitaires, ne travaille plus. Il n'a plus qu'une obsession : se venger. Sa femme a sombré dans la folie. Elle est internée dans une clinique psychiatrique. Seul, il est lui aussi de plus en plus au bord de la démence ; il traque le serial killer.
Mais depuis quelques temps, la donne a changé. Killjoy a changé du tout au tout. Après avoir plongé des familles dans le deuil, il se décide de leur redonner un espoir. Il ne tue plus mais enlève des enfants. Des gamins maltraités. Et les offre aux parents de ses premières victimes. Eddie ne supporte pas ce revirement qui transforme le tueur en bienfaiteur. Quand il découvre, un matin, un bébé dans un couffin devant la porte de son appartement, il ne le garde pas. Il avertit la police qui rend l'enfant aux parents légitimes. Et Eddie d'être encore plus tourmenté se demandant s'il a été un bon père ?

Ce roman de Tom Piccirilli, sans être à proprement parlé fantastique, explore si profondément l'âme humaine qu'il en devient presque irréel. D'autant que la première scène se déroule dans une maison glauque abritant une secte. La mère de famille, gourou tyrannique, reconnaît qu'un enfant lui a été enlevé. Eddie y voit la signature de Killjoy. Mais il découvre également que la secte a assassiné les parents, de même que d'autres disciples pas assez coopératifs. Bref, pour la police et la presse, l'enlèvement de l'enfant l'a sauvé des griffes d'affreux tortionnaires.
Eddie, que l'on suit du début à la fin du roman, n'admet pas cette nouvelle perception de Killjoy. Cela reste avant tout un tueur d'enfant. Le tueur de son enfant. Un roman d'une noirceur absolue, détaillant avec un luxe de détails la névrose du héros.
Quand il n'en peut plus, qu'il sent qu'il va lâcher prise, il se maintient en mordant du métal comme cette scène se déroulant en pleine rue : « Il se pencha en avant, colla les lèvres au fond du coffre, le mordit en gémissant d'angoisse contre la ferraille, tandis que la brise lui promenait les cheveux devant les yeux. Les plombages de ses molaires et de ses prémolaires se déformèrent puis s'effritèrent contre ses gencives. » Douloureux, mais efficace. « Un éclair scintillant de douleur en fusion l'emplit tout entier avant de refluer lentement, jusqu'à ce qu'il reprenne la maitrise de soi et parvienne à desserrer les mâchoires. » Cet extrait donne un assez bon aperçu du ton de ce roman, aussi noir que les cauchemars des petits enfants.
litout
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le 6 déc. 2010

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