C'est rare que j'aie autant de mal à finir un livre.... La lecture de "La fille du roi araignée" a vraiment été un moment désagréable, je n'ai pas d'autres mots.
La traduction française est absolument immonde, en particulier les passages traduits du pidgin (dialecte des rues) : "toi parler moi ?", "pas vous fâcher, tantine", "mama c'est qui copine moi ?". Sérieusement ? Franchement, j'ai du mal à comprendre qu'une traductrice en soit réduite à utiliser du mauvais français pour retranscrire un dialecte populaire. Pourquoi ne pas tout traduire en français normal, quitte à préciser dès le début qu'il s'agit d'une langue différente pour les vendeurs de rue et pour les personnages plus aisés ? On n'est pas loin du "Y'a bon banania". Ce choix m'a rendu la lecture très désagréable.
Ensuite, je n'ai pas du tout accroché avec les personnages, en particulier celui d'Abike, petite fille à papa capricieuse et friquée. Je n'ai pas cru un instant à l'histoire d'amour entre elle et Runner G, le colporteur. La fille d'un richissime homme d'affaires aux affaires occultes tombe amoureuse d'un pauvre petit colporteur, ancien gosse de riche tombé dans la pauvreté à la mort de son père : rien d'original. On ne comprend pas pourquoi elle s'intéresse à lui, on ne comprend pas pourquoi elle cherche absolument à lui faire étalage de sa richesse (on n'est pas censés être sympa avec quelqu'un quand on le drague ?), on ne comprend jamais vraiment s'il commence à tomber amoureux d'elle, bref, ça n'accroche pas une seule seconde. On pourrait dire que finalement cette histoire est une histoire de manipulation dans la manipulation (mouais). Et même ça, j'ai eu du mal à y croire tant la fin est mal amenée.
Le fait de prendre comme trame de fond le choc entre classes sociales me paraît pertinent quand on parle du Nigéria moderne, sauf que j'ai eu la désagréable impression que l'auteur ne savait pas de quoi elle parlait. Le fait de donner quelques noms de plats locaux ci et là n'y change rien. On n'éprouve jamais une once de sympathie pour Abike, même pas quand elle commence à s'émouvoir que sa bonne préférée retourne dans son village. Et pourtant, j'adore les anti-héros, j'adore adorer des personnages détestables. Pas cette fois apparemment (et c'est quoi cette histoire de "jeu de la frustration", on n'y comprend rien!)
Il s'agit là du premier roman de Chibundu Onuzu. Pour ne pas être méchante, je vais dire que j'espère qu'elle s'améliorera pour le prochain. Par contre, qu'on la compare déjà à Chimamanda Ngozi Adichie, faut pas exagérer.