L'horreur, le pire de l'horreur, le summum de l'horreur, là où l'on pense que l'horreur a atteint son sommet, son paroxysme, c'est bien quand la douleur et la mort se conjuguent à l'enfance, à la jeunesse. Too young to die! Surtout quand la mort n'est pas issue de la fatalité comme la maladie incurable, mais à la perversion, à la déviance extrême d'adultes en mal de sensation. Ils ou elles existent, cette lie sociétale qui ne voit dans l'enfant que l'objet d'un désir à assouvir. Et quand on pense que cette monstruosité ne peut être l'oeuvre qu'un taré isolé, Benjamin Dierstein dans "la cour des mirages", son dernier livre paru chez Equinox les arènes, nous montre qu'on est bien loin du compte en matière d'abomination.


Prigent et Verhaegen son de retour au bercail. Leur bercail, c'est le 36 et le duo revient dans le cadre d'une sombre affaire : le meurtre de la femme et du fils Guillot, un cadre politique, lui-même retrouvé mort "suicidé". Sa fille Zoé a quant à elle disparu. Et cela fait écho à la sombre histoire personnelle de Prigent, lui-même victime de l'enlèvement de sa fille Juliette dans le métro de Rennes, il y a plus de 10 ans. Avec son équipe, Verhaegen va dérouler la pelote de l'investigation l'amenant à enquêter sur le monde glauque et nauséeux de la pédo-criminalité avec des ramifications dans les plus hautes sphères qu'elle n'aurait jamais osées imaginer.


Waouah! Bon sang, Benjamin, tu nous en as donné pour notre argent! Et je ne parle pas seulement du nombre de pages titanesque de la la cour des mirages avec pas moins de 840 pages. Mais il ne faut pas que cette longueur vous rebute, au contraire. Vous en redemanderez tant Benjamin Dierstein trame une histoire incroyable, oscillant entre polar, thriller, voire roman politique. L'auteur qui avait conquis son lectorat l'année dernière avec "un dernier ballon pour la route" passe ici un cap avec ce roman fleuve très différent dans le style, plus sérieux, mais avec la même virtuosité. Et pourtant le thème du roman est dur, donne envie de vomir tant il est incompréhensible de croire que de telles cruautés puissent exister. Plongeant son roman au moment du changement politique entre la droite et la gauche en 2012 et en y insérant des brèves d'actu, Benjamin Dierstein réussit à insuffler cette dose de politique nauséabonde sans nuire au fond de l'intrigue. Ne passez pas à côté de la cour des mirages car vous risqueriez de louper déjà le polar de l'année 2022 et ce n'est pas un mirage!

Verstraete_Oliv
8
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le 25 janv. 2022

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