Il y a toujours un plaisir à lire une contre-enquête de P. Bayard car c'est se replonger dans un livre qu'on a lu, et qu'on va voir d'une autre façon.
Quand il s'agit d'un classique de la littérature policière, un petit bijou d'intrigue et de manipulation comme 10 petits nègres, il y a vraiment un grand intérêt à voir l'interprétation et la résolution de P. Bayard.
Je dois avouer que ses réflexions théoriques sont un peu plombantes, elles me semblent moins pénibles que dans L'affaire du chien des Baskerville, mais je trouve le dosage moins pertinent que dans son premier sur Roger Ackroyd, peut-être ai-je oublié ce qu'il en était en fait.
J'ai lu avec plaisir l'interprétation de Bayard, relevant que je n'étais pas le seul à avoir trouvé quelques éléments du roman d'Agatha Christie un peu gros. 1,5 kms ce n'est pas très éloigné de la côte, un sujet en bonne santé aurait pu facilement s'échapper sans la tempête. Il y a une sorte de côté un peu foutrac quand on sait comment l'assassin a prévu de brouiller les pistes à la base avec un stratagème mettant en jeu un élastique (je n'en dirai pas plus). Mais la résolution de P. Bayard me pose également quelques soucis. Il y a quelques incohérences qui me semblent un peu freiner sa théorie, et l'un dans l'autre, là où j'ai été finalement assez séduit par son avis sur Ackroyd et sur le chien des Baskerville, je reste là plus dubitatif face à certains arguments (la beauté du geste par exemple, me semble tout à fait limiter dans un roman policier, la difficulté de pouvoir réunir facilement 10 assassins, c'est ce que finit par faire le tueur de Bayard de toute façon etc.) Je trouve le mobile du tueur beaucoup plus discutable que celui de Christie en terme de crédibilité finalement (le stratagème du tueur de Bayard est trop gros pour le rendu espéré). Bref, je ne peux pas en dire plus car je ne veux pas gâcher un excellent roman (Dix petits nègres) et une contre-enquête intéressante, mais, malheureusement, un peu limitée quant à sa pertinence.