Si tu aimes un conte, c'est surement qu'il te parle, sans même que tu saches de quoi ou pourquoi...

C'est l'Histoire de ce prince difficile au possible qui veut absolument épouser une princesse, une vraie de vraie, et qui a énormément de mal à en trouver une. Alors, quand une étrangère frappe à sa porte proclamant en être une, il met au point un plan machiavélique (suggéré par sa maman) : il met un petit pois sous 20 matelas et fait dormir la fille en haut de la pille. Comme elle se réveille couverte de bleus et se plaint d'avoir mal dormi, la délicatesse de sa peau a prouvé que c'était une vraie princesse. Et ils se marièrent et on ne sait pas s'ils eurent beaucoup d'enfants mais probablement, après tout c'est un conte de fées.

Mais pourquoi donc est-ce que j'aime ce conte ? A première vue, cette histoire n'a absolument rien de féérique, ou de romantique, ou même de moralisateur. Rien pour être digne d'un conte de fées. Le prince veut une vraie princesse : est-ce louable ? Pour y parvenir, il invente une ruse : Est-ce romantique ? On ne sait même pas s'ils s'aiment. Quant à la princesse, elle est récompensée pour s'être plainte d'avoir mal dormi alors qu'on l'a accueillie si gentillement. En fait, elle est récompensée pour être une chipoteuse, qui se plaint de quelque chose d'aussi minime qu'un petit pois. Comment défendre ce conte après tout ça ?

Et pourtant, c'est un vrai contes de fées, parce que c'est juste symbolique selon moi. Et c'est ça qu'il ne faut pas louper. Ce prince qui cherche une vraie princesse, et qu'aucune ne satisfait parce que toujours quelque chose ne va pas. Ce n'est pas juste un snob trop attaché au rang et pour lequel la naissance est la seule chose qui compte. Cette histoire de princesse, c'est juste une métaphore pour dire qu'il ne trouve pas celle qui serait parfaite pour lui. Bien sur qu'une vraie princesse, il en aurait trouvé une avec facilité. Mais celle qui sera sa princesse, ça c'est moins évident. En fait, il est presque louable pour ne pas avoir épousé une princesse qu'il n'aimerait pas vraiment, pour avoir continué d'attendre et d'espérer. La seule chose qu'on peut lui reprocher, c'est de partir du principe que quelque soit la fille qu'il choisira elle l'aimera aussi, ça va les chevilles ? Rien que pour cette confiance en lui, il perd toute mon estime, et la princesse devrait probablement le refuser comme dans la BD de Sophie.

Alors il met au point un plan machiavélique. Là dessus, je ne sais pas comment le défendre. Disons juste que ce n'est pas ce qui a de l'importance. Ce qui a de l'importance, c'est que quand cette fille a frappé à la porte trempée par la pluie, elle n'avait absolument pas l'air d'une vraie princesse. Et pourtant, le prince ne s'est pas arrêté à ça. Au contraire, il a cherché à la connaître plus, à voir ce qu'elle était vraiment, découvrir ses qualités intérieures on pourrait dire. Alors manigancer, faire passer des tests à une personne, lui tendre des pièges pour voir si elle est vraiment notre âme sœur : non, évidement. Mais apprendre à la connaître simplement. Ce n'est pas juste une histoire de "s'intéresser à la personnalité plutôt qu'au physique". Il-y-a un peu de ça bien sur, et c'est très bien. Mais ça va encore plus loin. C'est ne pas s'arrêter à la première impression, à ce que la personne semble être, mais chercher à la connaître vraiment. Ne pas se fier aux apparences, ne pas former de préjugés. Et pas seulement en amour au final, ça peut parfaitement s'étendre, et ça augmente la portée du conte.

Quand à cette qualité intérieure, en l’occurrence je suis bien d'accord elle ne semble rien avoir d'admirable. La sensibilité de son épiderme, merci bien ! Mais prenons le juste comme une métaphore de la sensibilité en général, ou de toute autre qualité. Et cette princesse qui se plaint, au final serait juste une princesse qui se montre telle qu'elle est réellement. Et oui elle pourrait ne pas le dire, être polie. Mais c'est vrai que c'est dur, que ça cause des conflits, de vouloir être sincère sur qui l'on est. Le cacher parce qu'on est trop sensible à ce que les autres vont penser de nous, juste s'effacer : je connais bien.

Du coup au sens métaphorique, cette princesse nous offre une leçon. Mais au sens premier, bien évidemment que c'est discutable. Mais je ne suis pas la bonne personne pour discuter de ça. A vraie dire c'est peut être pour ça que j'aime autant ce conte. Je suis la petite fille qui répond "Mais tu m'as toujours dit de ne pas mentir, je n'ai pas envie de mentir moi" quand à 4 ans sa maman lui dit "Même si tu n'aimes pas ça, tu devrais accepter les sucettes que t'offrent les boulangères au lieu de répondre que tu ne veux rien" et quand à 15 ans quand elle lui dit "Tu aurais pu faire sembler d'aimer la coupe que venait de te faire la coiffeuse au lieu de te mettre à pleurer". Cacher oui mais mentir non. Du coup je suis probablement pas assez sincère quand il le faudrait et trop sincère quand il ne le faudrait pas. Pas étonnant que ce conte me parle.