Ni queue ni tête

Je déambule dans la bibliothèque et là je tombe par hasard sur ce livre. Tiens, Patrick Modiano, je ne connais pas, je me dois de le connaître pour ma culture. Quel grand écrivan : Prix Nobel de Littérature, Prix Goncourt, Grand prix du roman de l'Académie française et ce n'est que la partie visible d'un iceberg représenté par 40 ans de carrière. J'y allais donc les yeux fermés.
Mais alors là vraiment, quelle déception. Cela m'a fait pensé au sketch d'Elie Sémoun : "le robinet parle, j'ai peur..." Je me suis trouvé plongé dans une ambiance glauque, un court moment de la vie d'une femme, dont on ne sait pas qui elle est, d'où elle vient, ce qu'elle fait, etc. Elle rencontre une femme, qui est peut être sa mère, qui finalement ne serait pas morte au Maroc comme on le lui a dit enfant. Sa mère, qui avait perdu un chien et qu'on appelait la Bosch. Le tout sur fond de rencontre d'un polyglotte sans prénom (qui bien qu'il parle plusieurs langues ne s'exprime que de manière lapidaire), d'un couple qui lui confie la garde d'une enfant qui doit apprendre à se débrouiller seule et d'une pharmacienne philotrantrope mais non moins inquiétante. On ne sait pas comment aboutissent ces rencontres, ni si c'était bien sa mère qu'elle avait vu (et qu'elle avait suivi plusieurs fois au début du livre). L'absence radicale du moindre lien entre tous ces épisodes (ou qui apparaîtra seulement aux plus érudits dont je ne fais pas partie) contribuent à entretenir ce scénario particulièrement décousu et soporifique.
Et donc, contrairement à Certains Goncourt affreusement ennuyeux mais qui au moins sont bien écrits (Par exemple Trois femmes puissantes), celui là n'est même pas brillant dans sa forme, le style littéraire n'est même pas impressionnant ni même juste agréable.
Bref, horrible déception, surmontée du désagréable sentiment d'orgueil de se dire : si ça c'est écrire, alors je peux être écrivain !