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Œuvre surprenante que celle de César Fauxbras (1899-1968), étonnant porte-parole de ceux qui n'ont pas la parole sur la période entre la première guerre mondiale et la fin de la seconde dans La belle France. Parole qui ne pouvait qu'être refoulée et étouffée par ceux qui prétendent en détenir le monopole. Parole du désenchantement et du retrait social de toute une population de sans-grades qui se sentant à juste titre, abandonnée, trahie et méprisée en tire les conséquences et va désormais refuser sa participation et son engagement à cette société qui veut l'ignorer. Pas de chance car c'est eux qui faisaient les guerres jusqu'ici, en première ligne, et remplissaient les charniers en servant de chair à canon. Fini désormais : l'immobilisme et l'inertie seront leur crédo.
La débâcle de 1940 en fut certainement l'expression la plus visible.
Une visibilité soigneusement occultée et enfouie dans les décombres de l'histoire officielle puisque beaucoup trop dérangeante par ce qu'elle révèle de ses mensonges et de ses falsifications. L'écho contemporain en est pourtant extraordinairement sonore et si le langage s'est quelque peu transformé, la souffrance d'aujourd'hui est presque exactement la même que celle d'alors et l'on ne voit aucune raison pour que les conséquences ne soient pas d'un genre tout aussi désastreux.
Déjà dans son livre « Viande à brûler », Fauxbras décrivait sans fioritures l’humiliation et la misère des chômeurs et des salariés des années 30, la trivialité du quotidien confronté aux « méandres d'une administration absurde et inhumaine » et à la surdité persistante de la soi-disant représentation politique jusqu’à la glaçante déception du « Front Populaire ».
La modernité du bonhomme à travers l’ânonnement de l’époque présente, qui dissimulée derrière le clinquant aliénant de sa technologie reproduit quasiment les mêmes erreurs, est sidérante. Démontrant que derrière les flons-flons progressistes, presque rien n’a changé dans les faits sociaux et que le monde reste entièrement à refaire. On rajoutera qu'en prime, le récit de Fauxbras est souvent d'une irrésistible drôlerie; ce qui est fort de café, vu le contexte. Pour mourir moins cons et en vous marrant, lisez Fauxbras !

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le 25 oct. 2015

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steka

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