La Coupe d'or et autres contes par Procope

Trois contes représentatifs de la gigantesque oeuvre du poète Ludwig Tieck issu de la première génération du romantisme allemand. Dans un étrange cadre mi-réaliste mi-surnaturel, ce fils de cordelier connu dans l'Allemagne entière à la fin de sa vie, éditeur de Kleist ou Schlegel, composa des récits parfois d'une confondante beauté, à la morale ou au dénouement souvent très particuliers, formellement moins sombres que ceux de Grimm, plus lyrique, plus baroque, mais foncièrement noirs et désespérés. Dans ces trois contes aux frontières très floues, il explore des thèmes très en vogue au temps du roman gothique (l'inceste, les barrières de classe, la pauvreté, l'adoption secrète, le meurtre, la paranoïa, etc) dans un cadre étrange, parfois féérique, dont on ne sait si c'est le réalisme ou le fantastique qui prédomine, dont on ne peut déterminer exactement la part de mensonge ou de vérité. Doutant en permanence de la confiance à accorder au narrateur et pressentant à chaque page quelque tour tragique, voire sanglant, le lecteur fait, avant Hoffmann, l'expérience de cette "inquiétante étrangeté" dont parlera Freud.