La Conversion
7.6
La Conversion

livre de James Baldwin (1953)

"I looked down the line, / And I wondered"

Premier roman de James Baldwin, vingt-neuf ans en 1953, Go tell it on the mountain ou La conversion en français, est d’une maîtrise incroyable. John est né en plein Harlem, en pleine ségrégation, dans une famille nombreuse et pauvre. Son père est pasteur, admiré et craint de tous : et c’est l’anniversaire de John, il a quatorze ans, et il réalise qu’il ne veut pas devenir comme lui, qu’il ne veut pas emprunter le même chemin. La structure du livre est très belle. La première partie, « le septième jour », est celle de la prise de conscience de John, qui choisit de s’éloigner du modèle paternel. La seconde, « les prières des saints », nous emmène dans un passé mystérieux, où chaque personnage (Florence, la tante ; Gabriel, le père ; et Elizabeth, la mère) a enfoui des secrets et des fautes, des passions et des espoirs. Ces différentes voix dessinent un monde imparfait, impur et fascinant, dominé par les Blancs et par un Dieu menaçant. (« There was sin among them. ») Enfin, la dernière partie, « the threshing-floor » (traduction incertaine…) revient à John, à son avenir parmi ces destinées ratées, à son ambition, à sa liberté.
Grand livre, grand style, mystique, lucide, abîmé.

Extrait:
« He wanted to weep. He wanted to reach out and hold her back from the destruction she so ardently pursued – to fold her in him, and hide her until the wrath of God was past. At the same time there rose to his nostrils again her whisky-laden breath, and beneath this, faint, intimate, the odour of her body. And he began to feel like a man in a nightmare, who stands in the path of oncoming destruction, who must move quickly – but who cannot move. ‘Jesus, Jesus, Jesus’, rang over and over again in his mind, like a bell – as he moved closer to her, undone by her breath, and her wide, angry, mocking eyes.”
Alphonse
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le 8 déc. 2014

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Alphonse

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