De prime abord, la légère ironie et l'humour distancié ne font pas mouche et les signaux semblent annoncer une classique histoire d'amour, possiblement niaise. Fausse route. Mais la romance annoncée n’advient pas. Entre Tod Hackett et sa voisine, Faye Greener, on trouve désir et fascination (unilatéraux), mais pas d'amour. Faye n'apparaît foncièrement "aimable". Aucun des personnages n'inspire de réelle sympathie, pas même Tod, héros bancal, sans tripes, ni cran, faisant plusieurs fois plus que frôler le pathétique. Tous ont convergé vers Hollywood et sont des paumés, des névrosés, des ratés, des désaxés. La folie douce de cette galerie grotesque monte en puissance au fil de pages sans intrigue pour aboutir à une apogée de n'importe quoi, n'importe comment d'une grande violence - d'autant plus époustouflante qu'elle est surtout symbolique. L'ironie est balayée pour laisser la place à une profonde amertume, résultante du triomphe de la machinerie de l'absurde. Le roman n’est pas dénué de défauts ; sa ligne est peut-être un peu trop flottante, la psychologie des personnages un peu sommaire, ses descriptions longuettes, mais la justesse, la puissance, la violence et l’humanité qui s’y déploient font oublier ces lacunes.

SofianeShl
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le 5 déc. 2016

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