Rescapé de la deuxième guerre mondiale puis du régime communiste polonais, le philosophe et sociologue anglo-polonais Zygmunt Bauman observe le monde contemporain avec une acuité qui n’a rien de réconfortant. A travers la notion de « modernité liquide », il décrit des relations interpersonnelles floues, ayant perdu leur structuration collective (Etat, partis, organisations syndicales, etc.), et où l’individu se trouve au centre de toutes les décisions, poursuivant le modèle d’une société consumériste, mondialisée et organisée en réseaux. La réflexion morale a ici une place de choix : Bauman se présente en héritier de Knud Løgstrup et d’Emmanuel Levinas, deux philosophes qui n’ont eu de cesse de penser la relation à l’autre et à son visage. Or, l’un des problèmes posés par la société moderne-liquide selon Bauman est qu’elle ne permet plus de réunir les conditions d’une relation morale, la dyade entre deux individus souffrant des continuelles intrusions de tiers. S’ensuivent des considérations sur le meurtre catégoriel, la liberté, les arts et l’Europe dans le monde ainsi défini : si l’objet et le fil de la démonstration se perdent parfois dans un condensé d’érudition qui n’est pas toujours des plus digestes, on reste néanmoins frappé par la justesse de l’analyse et la richesse de l’argumentation, qui font sans doute de Bauman l’un des derniers grands penseurs humanistes de notre temps.

sylvaindufeu
7
Écrit par

Créée

le 31 mai 2018

Critique lue 107 fois

sylvaindufeu

Écrit par

Critique lue 107 fois

Du même critique

Après la démocratie
sylvaindufeu
2

Un pamphlet daté

Pour entrer sans heurt dans la lecture de ce nouvel opus mi-pamphlétaire mi-scientifique d’Emmanuel Todd, mieux vaut admettre d’emblée comme postulats quelques propositions qui resteront, du point de...

le 3 oct. 2022

2 j'aime

Pourquoi lire ?
sylvaindufeu
6

Des excès et de l'enthousiasme !

Après Stendhal et les premières pages du Rouge et le Noir, Proust et son Sur la lecture, ou encore Ray Bradbury et son roman Fahrenheit 451, Charles Dantzig s’inscrit dans une vieille et glorieuse...

le 31 mai 2018

2 j'aime

Le Vicomte de Bragelonne
sylvaindufeu
8

Mordioux ! Revoilà les Mousquetaires !

Ou du moins ce qu’il en reste, non plus vingt ans après, mais trente cette fois. Seul d’Artagnan est toujours au service de sa Majesté, le tout jeune Louis XIV. Et encore lui donne-t-il sa démission...

le 30 mai 2018

2 j'aime