La S-F que j'aime !

L'Univers en folie , ou What Mad Universe en anglais est un roman de science-fiction publié en 1949 et écrit par Fredric Brown. Brown ce n'est pas que Martiens , Go home ! c'est aussi une biographie de touche à tout , un écrivain au registre foncièrement grisé par la malice et la dérision d'un genre tout entier. Et ce genre , bah c'est la S-F !
L'Univers en folie porte fichtrement bien son nom dans le sens où nous sommes introduit au déstabilisant destin de Keith Winton , sous-responsable d'une maison d'édition dédié à la publication de magasines pulps en tout genres , s'étendant de la publication science-fictionnelle bien huileuse à leur dernière acquisition , une revue spécialisé dans les romances à l'eau de rose dont la patronne - beauté totale - est l'objet d'un vénérable culte de la part de Keith. Mais un soir , alors qu'il vient à peine d'obtenir un rencart avec la fameuse directrice , le malheureux journaliste est pulvérisé par le réacteur d'une fusée expérimentale retombée sur terre en même temps que la demeure secondaire de son patron où il participait à une réception. Cependant , cette annihilation n'est que le début de son aventure : en effet , Keith se retrouve à partir de ce moment projeté dans un univers parallèle où tout semble être le décalquage stricto sensu d'un pulp fauché.
Vous en rêviez ? Fredric Brown l'a imaginé , et du premier instant de ce fantastique roman jusqu'au dernier - malgré une courte baisse de régime au niveau du dénouement - l'auteur vous happe littéralement en son extravagant univers. Le livre me fit l'effet d'une bonne comédie d'aventure à la Spielberg , et j'eus tout au long de cette belle lecture l'impression de me gaver de pop-corn devant un petit blockbuster des années 80/90 tant le ton employé par Brown est étonnamment novateur pour son époque.
L'époque du pulps apparaît aux yeux de certains lecteur comme un âge d'or d'insouciance littéraire et rien de mieux qu'un peu de prise de recul tel qu'elle nous est proposé ici pour savourer encore plus l'ambiance électrique de ce temps où des monstruosité difformes agrippaient dans leurs serres ou leurs tentacules des dames figés en des poses lubriques qui feraient baver de haine toute la frange moralisatrice de notre société. Cette époque que je n'ai pas peur de considéré comme "bénie" où les jeunes auteurs évoluaient en une situation d'avance sur salaire confortable - ou d'avance tout court d'ailleurs ; ce genre de pratique est aussi rare qu'un nouvel auteur publié par une maison d'édition de nos jours - , et où très peu de personne se réveillait égoïstement un matin en se disant "Tiens ? Et si j'allais moi aussi saturer le panorama culturelle actuel en publiant de triviales fan-fiction afin de boucher complètement l'émergence de ceux qui ont de vrais bonnes histoires à raconter ? Ce serait fantastique !"
Voilà , c'est de cet éden dont parle Brown. Un univers sans wattpad , sans financement participatif , et sans quête odieuse de gloires éphémère. Un univers où les auteurs écrivaient pour quelques sous , pour payer leur loyer , pour survivre réellement. Un bel univers , très authentique.