Que ressentiriez-vous si vous étiez seul, piégé dans un refuge au beau milieu des Alpes enneigées ?


Piégé est un bien grand mot puisque Ulrich Kunsi a choisi de veiller sur le chalet de la famille Hauser pendant l'hiver, en compagnie du vieil habitué Gaspard Hari. Deux guides, pendant plusieurs mois isolés du reste du monde avec pour seule compagnie un gros chien de montagne.
Gaspard Hari n’en est pas à son premier round contrairement à Kunsi. Ainsi les deux gaillards remontent au chalet après avoir accompagné la famille Hauser et leurs mulets jusqu’au bord du village, et s’apprêtent à passer l’hiver en tête à tête, l’un reprenant ses habitudes et l’autre s’en créant de nouvelles.


Les premiers mois sont propices à la routine, la neige n’ayant pas encore pointé le bout de son nez; jeux de cartes, tâches ménagères, balades, chasse et rêveries sont les principales occupations des personnages principaux. Les deux hommes s’habituent à vivre ensembles. Puis, les premiers flocons de neige font leur apparition, et le refuge est bien vite encadré par de grandes étendues blanches.


Un matin, par habitude, le vieux Hari s’en va chasser à l’aube dans l’espoir d’avoir de meilleures proie, car celles-ci se font rare depuis que les montagnes sont tapissées de blanc. L’inquiétude de Kunsi finit par s’éveiller, en ne voyant pas son compagnons revenir après de longues heures.


Suite à cela, l’histoire zoome sur Ulrich Kunsi, pour lequel la solitude et l’inconnu deviennent un poids. Qu’est-il arrivé à son compagnon ? Que va-t-il faire ? Et que va-t-il devenir ? Il s’agit là de la suite puis de la fin de la nouvelle.
Maupassant transmets parfaitement le sentiment d’isolation d’Ulrich. Son évolution devient le centre de la nouvelle. La nouvelle est immersive, tant il est facile de se sentir à notre tour compressé, isolé, apeuré, etc. Les émotions par lesquelles passe Ulrich nous atteignent également de pleins fouet.


Il est très difficile d’imaginer nos propres réaction dans un cas identique, sans l’avoir vécu. Par conséquent, Maupassant parvient efficacement à s’immiscer dans le cerveau du lecteur, à lui faire sentir ce que ressent le personnage, grâce à sa plume et à ses mots.


Comme chacune de ses nouvelles, L’Auberge tient à être lue. Ce n’est pas une nouvelle qui vous tiendra en haleine bien longtemps, peut-être que pour certains, elle ne vous tiendra pas du tout haleine, mais enfin, l’histoire en elle-même traduit par l’écriture les sentiments humains comme Maupassant sait si bien le faire; la peur, l’angoisse, la folie... et un peu d'amour !


Pour ceux qui veulent la lire : http://maupassant.free.fr/pdf/auberge.pdf

Icomeforyou
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le 31 août 2018

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