Voyage dans l'Inde ancienne
On ne pourra qu'être surpris par le cynisme et la brutalité de ce traité politico-militaire de l'Inde antique, datant probablement de la fin du IVème siècle avant JC.
Son auteur présumé, Kautilya (ou Chânakya), dit le faiseur de roi, qui fut ministre du vaste Empire maurya, consécutivement aux incursions en Inde d'Alexandre le Grand, n'estime visiblement pas avoir à s’embarrasser de morale ni d'humanisme. Une vision donc fort éloignée de l'imaginaire occidental concernant ce pays et qui remet en cause nombre d'idées reçues.
Plus qu'à Sun Tzu, auquel il est souvent abusivement comparé, c'est au légiste chinois Han Fei qu'il faudrait se référer pour trouver une telle mise à plat des froides logiques de la domination; avant que celle-ci ne fasse le choix, dans notre modernité, de s'avancer désormais "masquée".
"PRÉLÈVEMENTS EXCEPTIONNELS ET CONFISCATIONS
- De même qu'on cueille les fruits d'un jardin à mesure seulement de leur maturité, de même le revenu sera collecté chaque fois qu'il aura mûri. Il faut toujours éviter de cueillir des fruits ou du revenu avant maturité : ce serait tarir leur source et causer de grandes difficultés.
- Ceux qui élèvent de la volaille ou des porcs livreront à l’État la moitié de leur élevage. Ceux qui élèvent des animaux inférieurs en livreront le sixième, tandis que ce sera le dixième pour les bœufs, buffles, mulets, ânes et chameaux. Ceux qui entretiennent des prostituées, des femmes belles et jeunes, fourniront de l'argent.
Voilà en ce qui concerne les gardiens de troupeaux."
"Le conquérant doit penser au cercle des États comme à une roue; à lui-même comme à son moyeu; et à ses alliés, reliés à lui comme des rayons, mais séparés de lui par des territoires, comme à sa jante. "
On notera que nous ne disposons pas actuellement en France de traduction originale du sanskrit : cette édition, comme celle de 1971 qui l'a précédé, est en fait un choix de textes, traduits de l'anglais, de l'édition complète en trois volumes dans cette langue, due au R. P. Kangle.