Un gros livre sur Bosch, ça m’intéresse toujours. Il faut dire que mon attitude vis-à-vis du maître de Bois-le-Duc est à peine plus rationnelle de celle d’une pucelle séoulite vis-à-vis de BTS. En l’occurrence, les reproductions de ce Jheronimus Bosch-là (celui des éditions de la Martinière) sont de qualité (à l’exception d’une page qui semble étrangement pixelliser), l’ouvrage est riche et, en dépit d’un format parfois encombrant, agréable à feuilleter.
Quant au texte, il n’apprendra pas grand-chose à quiconque connaît un peu Bosch. Mais au moins, Mario Bussagli ne sacrifie pas la rigueur sur l’autel des interprétations sensationnalistes – le Libre-Esprit, les psychotropes, la rebel attitude, etc. D’autre part, le livre a le mérite de tenir compte des dernières recherches, notamment les diverses questions d’attribution / désattribution / réattribution soulevées à l’occasion du cinq-centenaire de 2016. Il ne constitue certes pas un travail aussi fouillé que ceux de Fischer ou de Marijnissen, mais il constitue une introduction tout à fait valable à l’œuvre de Bosch (1).
Une première partie de l’ouvrage, assez classiquement, parcourt les quelques éléments biographiques dont on dispose tout en commentant les principaux tableaux : œuvres de formation, maturité, « œuvres majeures », « chefs-d’œuvre »… Le chapitre intitulé « Bosch après Bosch », tout prometteur qu’il soit (et il tient quelquefois ses promesses), reste assez mince et ne fait finalement qu’ouvrir des pistes.
Il semble étrange, à la page 119 d’un livre qui en compte trois cent vingt, de rencontrer une « conclusion » : c’est que la seconde partie de Jheronimus Bosch est consacrée à « la vie des tableaux ». Elle fait la part belle à l’image, le texte y étant parfois redondant par rapport à la première. Mais les aperçus qu’elle propose devraient satisfaire le néophyte.


(1) Malgré quelques imprécisions, comme ce commentaire du Couronnement d’épines attribuant la « physionomie stéréotypée du juif » (p. 232) à un personnage qui porte pourtant un croissant sur son vêtement.

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le 10 nov. 2020

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