Un ouvrage destiné aux personnes surefficientes mais qui ne le savent pas !

Le titre de cet ouvrage Je pense trop, comment canaliser ce mental envahissant? Rédigé par Christel Petitcollin peut prêter à confusion. C'est bien de surdouement dont il s'agit tout le long de l'ouvrage. On pourrait même dire que ce livre a été écrit par une surdouée pour les surdoués, tant l'empathie qu'elle déploie à leur égard tout le long de l'ouvrage est intense. A moins que cette empathie soit volontaire afin de renarcissiser l'adulte précoce, qui se déprécie continuellement. On ne sait pas qu'elle est la position de l'auteure si ce n'est une bienveillance toute particulière envers les personnes surefficientes mentales. D'où vient cette bienveillance? On ne le sait pas et puis après tout, là n'est pas la question.
Si je peux me permettre une remarque, n'achetez pas ce bouquin si vous pensez qu'à cause de vos ruminations sur la voisine qui dit du mal de vous, sur le mauvais temps qu'il fait, etc,… vous faites partie de ces surefficients mentaux dont le cerveaux droit est très développé.
Là où réside toute la problématique c'est qu'un surefficient ne se dira jamais surefficient et n'en prendra probablement jamais conscience tant il a de lui et de son intellect une mésestime totale.
Je vous conseille donc d'acheter ce livre si votre cerveau bouillonne d'idées décousues, parfois même un peu farfelues, si vous avez de la peine dans votre insertion dans la société, avec un sentiment de décalage permanent. Si vous avez l'impression de ne rien savoir alors que vous passez votre vie à lire, vous documenter, vous informer, que vous êtes un insatiable curieux et enfin, si vous êtes particulièrement hypersensible que ce soit au niveau corporel : odorat, son, etc,… ou au niveau psychologique : la moindre remarque vous blesse. Oui, si vous vous sentez concernez par les brefs symptômes que je viens d'énumérer, foncez, ce livre ne peut que vous faire réellement du bien !
A titre personnel, je me suis reconnue dans chacune des lignes de cet ouvrage. Passé la phase d'étonnement voire de choc, j'y ai trouvé des conseils pratiques, des anecdotes ludiques, et au final dans sa globalité, l'ouvrage ni trop vulgarisé ni trop emberlificoteur.
On voit que l'auteure a travaillé et a de l'expérience avec les personnes surefficientes car elle a la précision du verbe, trouve vraiment le mot juste non objectivement mais pour le surefficient. On dirait presque un courrier adressé à tous les surefficients de France! Certains conseils coulent de source mais pas tous et c'est libérateur de trouver en cet ouvrage une mine d'informations sur les ressources à mettre en œuvre afin de contrer nos expériences malheureuses de la vie de tous les jours. Le passage sur le faux self, particulièrement, m'a éclairé. Le fax self, c'est être gentil et dire oui tout le temps et à tout le monde dans la minute, le faux self c'est se dissimuler derrière un paraître normopensant et se fondre dans la masse alors que l'on voudrait crier, pleurer, rire, ou dévoiler sa créativité. C'est au fond un véritable refoulement. Ce passage m'a complètement libérée car plus que révéler nos mécanismes, Mme Petitcollin nous donne des pistes pour lutter contre et les désinstaller.
Cet ouvrage n'est pas comme beaucoup d'ouvrage une simple énumération de symptômes. "On se retrouve dedans oui mais on fait quoi après?" non il y a des solutions, des astuces, des détours et c'est en cela que cet ouvrage ressort plus du domaine du développement personnel que de l'essai psychologique même s'il en a toutes les qualités.
Les deux seuls éléments que je déplore dans cet ouvrage sont deux raccourcis relativement caricaturaux concernant la personne surefficiente. Le premier : toutes les victimes des pervers narcissiques sont des surdoués. Je trouve la remarque intéressante, et elle la justifie mais c'est là l'expérience de Mme Petitcollin en tant que psy et non, je pense, la réalité. Le second : les surefficients mentaux sont vus comme des véritables agneaux au milieu des loups. Je trouve cela un peu réducteur. Je pense que Mme Petitcollin en vient jusqu'à faire un clivage (volontaire?) entre les cerveaux gauches et les cerveaux droits (ceux des surefficients mentaux). C'est dommage.
Ces 2 éléments ne retirent pas l'avis totalement favorable que j'ai sur cet ouvrage qui m'a éclairée sur ma façon de penser et à commencer à changer quelques aspects de mon existence. Mais je pense que le travail est à faire accompagné d'une thérapeute (qui connait la problématique des surdoués bien sûr!) car sinon, on peut vite faire des amalgames ou s'impliquer à fond dans un domaine comme corriger à tout prix ce "faux self" de manière non adaptée et jusqu'à l'épuisement.
A part le fait qu'un normopensant ne se reconnaitra pas du tout dans le descriptif de l'ouvrage il peut être intéressant à lire par tous, particulièrement les thérapeutes. Car oui, à l'heure actuelle, on psychiatrise tous les symptômes et les surefficients sont rapidement étiquetés de borderline ou bipolaires voire schizophrènes .
Pour résumer, cet ouvrage est plein de bon sens malgré quelques écueils sans gravité. Et je suis intimement convaincue qu'il peut apporter une aide très précieuse aux personne qui pensent trop et n'arrivent pas à canaliser leur mental …!
AdelineLecomte
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le 2 févr. 2016

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