Hier et demain est un recueil de nouvelles posthumes de Jules Verne, paru en 1910, cinq ans après la mort de l'auteur. Il semble que la plupart des textes aient été plus ou moins remaniés par son fils, Michel Verne. À quel point, je n'en ai aucune idée. Bien qu'ayant lu de nombreux romans de Jules Verne, j'ai beaucoup de difficulté à repérer les modifications opérés par son fils. C'est pourquoi dans mon appréciation je partirais du principe que tout est du père, le bon comme le mauvais.


- Aventures de la famille Raton

Il s'agit d'un conte animalier, avec des bons et des mauvais génies, et des métamorphoses à tout va. Passé l'effet de surprise, – je ne m'attendais pas à ce genre de récit de la part de Jules Verne – j'ai découvert un texte agréable et rapide à lire, mais tout de même anecdotique. La morale comme quoi l'argent ne fait pas le bonheur est assez convenue.

Pas le meilleur texte de l'auteur.


- M. Ré-Dièze et Mlle Mi-Bémol

Une jolie petite histoire mettant en scène des enfants, dans un petit village suisse. Il y est question de musique, on s'en serait douté en lisant le titre.

Le texte est drôle, léger et, mine de rien, instructif. On apprend des choses sur les grands orgues et sur le solfège. Un récit typique de l'auteur, tel que je les aime.


- La destinée de Jean Morénas

Après deux récits légers, on change totalement de registre avec cette histoire mettant en scène un prisonnier au bagne de Toulon. le ton y est résolument plus sombre. C'est même, de mémoire, l'un des textes de Jules Verne le plus sombre que j'ai lu, avec le Chancellor.

J'ai adoré cette histoire, l'une des meilleures du recueil.


- Le Humbug : moeurs américaines

Un touriste français, en visite à Albany, fait la connaissance d'Augustus Hopkins, un entrepreneur, nouvellement arrivé en ville, dont la richesse lui confère rapidement une célébrité, tandis que son excentricité attise toutes les curiosités.

Jules Verne dépeint de le mode de vie américain, et le constat est pour le moins acide. Si l'auteur loue l'audace et l'esprit d'entreprise des habitants du nouveau monde, il nous les montre également obnubilé par l'argent et la publicité. C'est le triomphe du libéralisme sauvage : être riche et célèbre devenant une fin en soi, peu importe le moyen.

Je suis bien content de ne pas connaître, avant d'avoir lu cette nouvelle, le sens du mot "humbug". Cela m'a permit de garder un certain suspens quant à l'issue de cette sympathique histoire.


- Au XXIXe siècle : La journée d'un journaliste américain en 2889

Le titre de cette nouvelle est suffisamment évocateur pour me passer de résumé. Il s'agit d'un récit d'anticipation, dans la même veine que le roman Paris au XXe siècle, du même auteur, que l'éditeur Hetzel avait refusé de publier une trentaine d'année plus tôt.

Il n'y a pas vraiment d'intrigue, il s'agit plus d'une présentation du 29e siècle et de ses avancées technologiques. Les voitures volantes dans les rues des villes font penser à la vision de l'an 2000 des années soixante... Avant de se rappeler que le texte a été écrit 70 ans plus tôt ! Visionnaire, Jules Verne a également imaginé les panneaux solaires, la télévision, les trains magnétiques...

Bien sûr, certains aspects sont moins inspirés. Sa vision du journalisme et du traitement de l'information semble archaïque, mais je pense que personne n'aurait pu, avec un siècle d'avance, pressentir la façon dont Internet bouleversera la société, alors j'excuse volontier.

Un bon texte, même si il lui manque une histoire.


- L'éternel Adam

Sofr, éminent scientifique de Basidra, capitale « du Hars-Iten-Schu, – autrement dit « l'Empire-des-Quatre-Mers » – a pour sujet d'étude les origines de l'homme. La découverte d'un journal intime sur un site de fouille va mettre nombre de ses certitudes à l'épreuve.

Du post-apo ! Si il y a bien un genre littéraire sur lequel je ne m'attendais pas à tomber dans ce recueil, c'est bien celui-là. Même le conte de fée de la première nouvelle ne m'a pas autant surpris. Une excellente surprise, qui plus est.

Il s'agit d'un texte profondément pessimiste, et comme "La Destinée de Jean Morénas", c'est l'une des meilleures nouvelles du recueil.


C'est une fois le livre refermé que son titre fait sens. Les nouvelles suivent un ordre logique. La première est un conte, situé dans un monde imaginaire et intemporel, la seconde se situe quelques années dans le passé et les deux suivantes sont contemporaines de Jules Verne, quant aux deux dernières, elles se passent dans un futur de plus en plus éloigné.


Les textes sont d'une grande variété : conte, satire sociale, histoire mettant en scène des enfants, des bagnards, anticipation et même post-apo. le recueil met en évidence toute l'étendue du talent de l'auteur (même si le conte ne m'a pas convaincu).


J'aime beaucoup Jules Verne. J'ai lu beaucoup de ses romans et ait rarement été déçu. Ce recueil ne fait pas exception, une excellente découverte.

Loki Asgarder

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