Les sources du mâle. Un vrai livre "de connards". Bertrand Blier nous fait vivre un film inédit.

(publié 07/04/22)



"-Je tiens plus à ma femme qu'à mon fils, c'est exact."
"Voilà une belle scène de connards" (page 30, Editions Seghers)



De l' Imaginaire et du réel...et des rêves éveilles?:
Un peu comme le récent livre de Jim Carrey, 'Mémoires flous' que j'avais aimé et résumé en listant entre autres le tout Hollywood le peuplant...,
Bertrand Blier cache une autobiographie et des informations au sujet de sa famille et maladie au sein d'un pseudo roman et journal foldingue mais drôle et très visuel.


Juste quelques remarques:
________________il commence par une scène me rappelant une d'un film des frères Coen 'Le Grand Saut': le saut d'un bâtiment en sautant d'une des tables de réunions, en passant par la vitre...


_______________une impression de voir un film...on fait sa propre distribution: je suis sans imagination mais j'ai facilement visualisé Depardieu ou Dewaere parfois.
J'ai souvent été ému et parfois bien rigolé.
ça passe vite...belle famille assez dysfonctionnelle mais fun (avec le temps réparateur...):



"Tu vois ce type? C'est un con..."
"Et lui? Si tu le croises, tu changes de trottoir..."
a dit Bernard Blier à son fils Bertrand, en voyant un jour à la télévision De Gaulle puis un autre, Mitterrand.



________________chaque fois qu'il parle du père du héros qui n'est supposé pas être lui et son vrai père, je ne pouvais pas m'empêcher d'entendre la voix de Bernard Blier(élève de Jouvet et ayant joué beaucoup de classiques):



(celui-là, il est) "...bronzè à la truelle"



_______________ado, il ne cesse de lire, surtout quand malade.
Il voit défiler chez lui toutes les stars et auteurs de l'époque mais aussi et surtout, tous les techniciens réputés.
Ces techniciens seront ses premiers professeurs et cours de cinéma.
Ils sont souvent amenés à la maison par son père quand il a compris que son fils était sérieux dans son désir de devenir réalisateur...le premier que Blier lui présente étant, je crois, un excellent accessoiriste...


__________ je suis d'ailleurs surpris que Bertrand Blier me fasse parfois penser à Antoine Doisnel.
On peut reprocher au personnage une certaine injustice de jeunesse: il balance à son père une possible infidélité ou début de batifolage de la mère...le papa en est furieux.
Or cette pourtant bite sur patte a lui-même des aventures avec de jeunes actrices!
Et le fils cafeteur, le sait très bien! Sale dénonciateur, délateur...mais en plus hyper hypocrite le duo!


_______ Mais sa mère, comme souvent les mères, dans une des plus belles scènes du livre/film, ne lui en tient pas rigueur, et lui donne une mini leçon en féminisme accélérée qui écrase beaucoup des reproches injustes parfois faits au cinéaste:



"Je la serre dans mes bras, et elle se laisse serrer. C'est ma mère et je viens de la rencontrer."
...ce passage émouvant m'a rappelé une des fois où le cinéma m'a fait re-rencontrer mes parents.
Ils regardaient 'Mary à tout prix' des frères Farrelly. Au début, j'ai été gêné de partager ce film avec eux puis les voir rire et se regarder, m'a complétement fait (re)voir ces êtres autrement.
Je les ai vus ados et ça m'a rappelé qu'on ne pouvait pas 'la leur faire à l'envers',
qu'ils avaient vécu et avaient été (+) jeunes et normaux... :-D



_________________________Au passage, comme le livre de Jim Carrey que tout le monde a pris à tort pour une grosse farce vide, Blier parle de certains vrais sujets comme par exemple les rares dérives dans la police...lors d'un passage au style un peu Boris Vian (d'autres passages m'ont fait penser à Raymond Devos, voire Pierre Desproges):



"Depuis un certain temps, on a de mauvaises ambiances dans la police, dit un flic. On est attaqués. On n'est pas aimés. On peut même plus taper. Hier, j'ai tapé sur une tête, je savais pas à qui elle appartenait, c'était la tête d'un vieux monsieur qui me disait : "C'est beaucoup trop fort, c'est beaucoup trop fort" ".



Bertrand Blier, un Lee Chang-Dong Français? :-D
_____________ tout le monde s'en fiche mais si j'avais aimé ses scènes de mîme au restaurant et d'autres scènes,
je n'avais en revanche pas trop apprécié celle de long strip tease qui avait tant fasciné les vrais cinéphiles et experts ayant tant adoré le 'Burning' de Lee Chang-Dong,
celle où deux jeunes hommes fument des joints pendant que la copine de l'un se désape sur du jazz en fin de journée, buvant aussi du vin;
ces Cheech et Chong continuant de se partager le joint en la matant...
je m'étais toujours demandé si ces experts l'auraient tant aimée si c'était l'un des deux Jammy
qui s'était levé et avait dansé devant la fille et au lieu de montrer des seins avaient montré bourses et schlong ...de la manière dont la fille nous montre ses eins,
mais bien sûr avec la Corée du Nord de Kim Jong-un en horizon et soleil couchant.
Et sur fond de jazz.
Or, quelle surprise de recroiser ici, en partie, un peu cette scène...sans la Corée...mais avec air de jazz aussi (Count Basie):



(dans ma chambre) "Nicole danse . Blumberg et moi la regardons danser ; c'est un spectacle..."


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le 21 févr. 2022

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PierreAmo

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