Faut-il tuer les petits garçons qui ont les mains sur les hanches par caiuspupus

Paru en 1984, ce romanau titre pour le moins surprenant, occupe une place à part, et constitue sans aucun doute l'un des sommets de son oeuvre.
Il faut savoir que pendant son écriture, la réalité a rejoint la fiction de manière absolument tragique. En effet, Frédéric Dard, en plein milieu de la rédaction de roman, a vu s'abattre sur lui la tragédie qui touchait son héros, un certain Charles Dejallieu : le kidnapping de sa fille. Si bien que, traumatisé par l'événement, Dard stoppera net l'écriture de son roman, qu'il jugera comme maudit. Il reprendra l'écriture un an après, ses personnages le hantant jusqu'à le repousser devant sa machine à écrire.

Ce roman est le plus personnel de l'auteur, d'une part à cause de cette histoire qui l'a touché personnellement, et d'autre part parce que Dard se raconte, se dévoile, se met à nu devant nous, révélant ses plus intimes pensées au travers d'une part de son auteur (Charles est sont deuxième prénom, et il est né à Bourgoin Jallieu, vit à Gstaad...) et du petit garçon qui est sa profonde personnalité à lui (il faut savoir que Dard était lui aussi infirme du bras gauche). On pénètre ainsi dans l'univers torturé de l'écrivain, qui vit plongé au dedans de ses pensées, en permanence, si bien qu'il ne "vit" pas vraiment. Et l'on ne peut que comprendre cette sensibilité à fleur de peau, et être touché pour cet homme qui se désape devant nous et nous montre ce qu'il a de moins beau en lui, et se désacralise.

Un livre thérapeutique, un livre indispensable pour les fans de Dard (dont je suis). Une vraie merveille de littérature!